Onzième (et dernier) safari dans le jardin magique : le renouveau
Ça y est, nous y sommes, les portes de la liberté (conditionnelle…) vont s’ouvrir et le livre des chroniques du petit peuple du jardin va se refermer sur ce dernier chapitre.
Après deux mois, je dois me résoudre à écrire l’épilogue de notre épiscopale relation.
C’est pas facile. Est venu le temps des retrouvailles et les masques ne masqueront pas l’impatience et le bonheur suprême de retrouver les enfants, les amis, les amants…
Que restera-t-il de cette réclusion ? Les habitants discrets du jardin et les voyages imaginaires auront été pour moi, de beaux et fidèles compagnons de route.
C’est pour ça que j’ai voulu vous les faire connaître.
C’est très tôt le matin, après avoir déposé le thé chaud sur la table de nuit de la magicienne endormie, que je ressentais cet étrange apaisement que me procuraient les premiers pas à l’extérieur.
Silence, harmonie, déconnexion… Surtout les premières semaines lorsque l’odeur des gaz d’échappement et les traînées laides des avions s’étaient évaporées.
Le chant des oiseaux paraissait amplifié. Alors, tous sens en éveil, sous les regards débordant d’amour de mes chiennes, commençait la quête du Graal avec l’exploration de mon micro cosmos.
Mais j’ai vite compris que c’est la quête elle même qui importe plus que le Graal…
(Bon ! Je ne vais peut-être pas me convertir au Bouddhisme tout de suite…)
Curieusement, le confinement a suractivé les réseaux sociaux, permis de renouer des liens, fait ressurgir du fond des âges des amis d’enfance…
La nature a repris ses droits à une vitesse que je n’aurais jamais soupçonné.
Il faut dire que cette période correspond à un cycle de vie, probablement le plus important, celui de la renaissance, autant pour les plantes que pour les animaux.
Pour les oiseaux, ce sont les grands retours au pays qui les a vu naître, bravant tous les pièges du voyage, pour simplement perpétuer leur espèce.
Ce cycle immuable, voit l’azur encore traversé par les derniers migrateurs en direction du nord. C’est au moins ça de gagné, ce court répit que l’homme leur a accordé, sans le vouloir :
Un moment de respiration dans sa pression destructrice ! Puisse t’il s’en souvenir !
Lorsque j’essaie, en vain, de capter avec mon appareil photo ou mes pinceaux la transparence des choses, comme un pétale de fleur ou une aile d’oiseau à contre jour, je m’étonne toujours de l’extraordinaire résilience de toutes ces merveilles à l’apparence fragile.
J’en veux pour preuve, et ça a balayé mes certitudes, ce qui c’est passé avec ce couple de Mésanges charbonnières qui a occupé un de nos nichoirs.
Le mâle hyperactif a été retrouvé mort il y a huit jours, au plus fort du nourrissage.
Pendant six jours, contre toute attente, la femelle a alors assumé seule et mené à bien l’élevage de la nichée, jusqu’à l’envol des oisillons.
A raison d’un aller-retour par minute, le bec chargé d’insectes, de l’aube au crépuscule, elle nous a donné une sacrée leçon de vie.
Bon vent à vous mes-anges des buissons (sans pesticides) du jardin magique.
De notre côté, nous avons au moins évité d’être gavé par cette bouillie prédigérée que les médias nous déversaient à longueur de journée parce que, je le reconnais, c’est un luxe de pouvoir s’évader en ouvrant simplement une porte.
Pour finir, après ce carnet rose, je vous propose un feu d’artifice de couleurs avec le petit paquet de photos habituelles prises dans la région (même si c’est un crève-cœur d’en choisir une plutôt qu’une autre) de quelques oiseaux qui continuent, malgré le temps qui passe, de bercer mes rêves… Juste après le chant du Petit Duc…
Et pour vous montrer que nous avons tous un côté animal (sans la moindre connotation), une nouvelle version de la Belle et la Bête, finie hier.
Gageons que nos sorties pourront reprendre, il y a tellement de belles choses à (re)découvrir, ne serait-ce que celle du plaisir d’être à nouveau réunis… nature-llement !
Mary la magicienne et la vieille bête au poil blanchi vous souhaitent tous les bonheurs du monde.
Texte et photos : Hervé Bertozzi
Ecaille fermière
Vulcain
La mère courage et un de ses oisillons
Martin-pêcheur d’Europe
Rollier d’Europe
Pie-grièche méridionale
Loriot d’Europe
Hirondelle rustique
Flamant rose
Sterne pierregarin
Guêpier d’Europe
Monticole bleu
Jason
Panure à moustaches
Aigrette garzette
Scolie des jardins
Gobemouche gris