Sortie ornitho aux Baux de Provence

Ce 8 Janvier 2023 l’hiver ne s’était toujours pas installé, nous baignions dans la grisaille et l’humidité depuis des semaines avec une température beaucoup trop douce.

Cette sortie ornitho que nous attendions avec impatience avait déjà été annulée pour cause de pluie.

Aussi, vaille que vaille, plusieurs d’entre nous quittèrent leur domicile sous une petite pluie matinale peu agréable, mais plein d’espoir de trouver Les Baux de Provence sous de meilleurs auspices météorologiques.

Nous y tenions à cette sortie , Hervé nous avait fait tant rêver, il s’agissait de voir «les 3 Grands» des falaises!!! : Accenteur alpin , Monticole bleu dit merle bleu et Tichodrome échelette.

Les oiseaux hivernent là, c’est sûr, mais rien n’est moins évident qu’un hypothétique rendez vous avec un oiseau.

Deux tentatives par le passé s’étaient soldées par un bilan incomplet et quelle frustration le jour où nous avions découvert à notre arrivée un drone bruyant faisant des aller retours au dessus de la crête de la falaise! Le Tichodrome avait décampé.

Avec de nouveaux participants plein d’enthousiasme nous sommes 16 à tenter l’aventure.

Selon un périple bien étudié et rodé par Hervé nous entreprenons par une suite d’escaliers la montée par le côté Ouest de l’éperon rocheux où se trouvent le village et la forteresse en ruine des Baux de Provence.

Notre arrivée dans le village est saluée par les kyark, kyaar… d’un groupe tourbillonnant de Choucas des tours (Corvus monedula). Chance le temps était plus clément.

Bon choix de parcours, le village n’a pas encore ouvert ses boutiques et les touristes ne sont pas encore arrivés, c’est calme.

En bordure des toits les Rougequeue noirs (Phoenicurus ochruros) patrouillent en hochant leur queue rousse.

Ils voisinent avec les Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) malins qui grappillent les olives dans un patio pour les manger sur le toit voisin ; une femelle de Pinson des arbres (Fringilla coelebs) trottine en cherchant de la nourriture.

Nous déambulons, Hervé explique, répond aux questions, raconte encore, les nouveaux ont l’air passionnés.

Un coup d’œil sur le paysage rocheux et grandiose des Alpilles depuis une terrasse en surplomb. Au loin le Val d’enfer

Et à l’approche de l’église le premier cadeau du jour : l’Accenteur alpin (Prunella collaris), quelle belle surprise. Il nous laisse approcher sans crainte, entre et ressort d’un petit buisson au sol, il picore à droite à gauche. Le groupe est aligné face à lui fasciné par les magnifiques couleurs, tête et cou gris moucheté de blanc sous la gorge, bec jaune d’or et noir, fortes rayures brun roux sur les flancs, ailes sombres avec 2 petits liserés blancs. Magnifique passereau.

Nous arrivons sur le sommet de l’éperon rocheux, premier contrefort des Alpilles, 200 m en surplomb des alentours, si le temps était plus lumineux on verrait la Camargue.

Il ne reste rien de la forteresse, place forte au Moyen Age , construite entre le XIème et le XIIIème siècle, un aménagement avec catapulte et autres engins guerriers se poursuit sur les lieux.

Depuis les vestiges de maisons troglodytiques nous avons presque une vue aérienne.

Panoramique sur la vallée avec les vignobles (AOC) et les oliveraies (AOC). Les oliviers ont été introduits depuis 600 ans avant JC. De petites parcelles de terre rouge sont les traces des carrières de Bauxite (fabrication de l’aluminium)

Nous sommes complètement au dessus de la grande falaise où crapahute le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria) avec ses longs doigts griffus à la recherche des araignées et petites bestioles vivant dans les fissures de la roche.

En contrebas également les chaos rocheux qu’affectionne le Monticole bleu (Monticola solitarius) et on l’aperçoit ! C’est l’emblème de Gard Nature.

Nous voilà en descente vers le pied de cette falaise que nous longeons par le chemin des Trémaïé dans une végétation arbustive de garrigue.

La roche calcaire rongée par l’eau et les éléments, des formes étranges, tourmentées, dentelles, ou d’alvéoles régulières façonnées par de géantes abeilles.
Dans les plus grandes cavités s’abritent Choucas et Pigeons biset féral (Columba livia, descendant de pigeon domestique qui a retrouvé la liberté ).

Un Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) passe en vol.

Dans les chaos de gros rochers Maryvonne repère le Monticole bleu et peut être un 2ème par la suite. Il s’agit du mâle qui est gris-bleu avec les ailes plus sombres ; territorial il parcourt son domaine et vole jusqu’au sommet de la falaise histoire de tout visiter. Sa silhouette est élancée.

Au télescope l’image est belle même si l’oiseau est éloigné.

J’avais déjà photographié la femelle précédemment , d’un brun roussâtre beaucoup plus terne, brune sur le dessus du dos et de la tête, le dessous du corps strié de clair. J’apprécie de tirer un petit portrait du mâle.

Il y a assez peu d’oiseaux dans l’ensemble, mais des chants s’élèvent de temps en temps. Nous croisons Fauvette mélanocéphale (Sylvia melanocephala) et Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla), Mésange bleue (Cyanistes caeruleus) et Mésange charbonnière (Parus major), Pouillot véloce ( Phylloscopus collybita).

Dans la partie plus boisée en limite des cultures 2 Faisans de Colchide (Phasianus colchicus) poussent un cri rauque et sonore.

Pas de Tichodrome sur les falaises ce jour là . Bonne raison de revenir une autre fois. C’est un bel oiseau gris , mimétique sur la pierraille au long bec fin et recourbé, queue noire aux ailes larges, rouge carmin, blanches et noires qu’il ouvre par saccades. En vol il ressemble à un grand papillon .

Un tout petit portrait que j’avais fait dans le même site des Baux le 11 Février 2021 ;

Juste pour donner une idée. Photo avec un 300mm, avec le télescope ça doit être plus grandiose.

Cette magnifique et riche matinée s’est terminée pour moi avec le pique nique convivial .

Et à la prochaine pour retrouver le Tichodrome et tous ses comparses.

Texte et photos : Danièle Tixier-Inrep

 
Vous pouvez retrouver ici la liste des oiseaux rencontrés ce jour là (vous pouvez également cocher également la case « Flore » pour voir les 3 plantes rares (parmi de nombreuses autres) dénichées par Michèle).