Baguage des Bruants des roseaux sur la Mare de Cabanis
Par Christophe
Participants :
- Membres de Gard Nature : Charlotte, Christophe, Daniel, David, François et Quentin
- Membres du Cogard : Cyrille, Estel et Geoffrey
- Autres participants : Guillaume D, Guillaume P et Renaud
Photos : Guillaume De Crop
Ce vendredi 3 décembre, nous avions décidé de tenter un premier baguage du dortoir de Bruant des roseaux de la Mare de Cabanis, découvert en novembre par François (720 oiseaux dénombrés le 24 novembre et plus de 1200 le 28 novembre 2010). Le Bruant des roseaux est très suivi en Europe et c’est donc une espèce pour laquelle les opérations de baguage des oiseaux hivernants (ou migrateurs) est payante : on retrouve souvent des oiseaux bagués dans d’autres pays.
La mare du Cabanis se trouve en limite nord de la commune de Junas, c’est une parcelle d’un demi-hectare qui est mitoyenne de la voie verte. La mare présente environ la moitié de sa surface couverte de macrophytes (roseaux et massettes), tandis que l’autre moitié est en eau libre. D’après Charlotte, la progression des végétaux a été rapide sur la mare. Lors de l’ouverture de la voie verte, il y a quelques années, la mare ne présentait de la végétation que sur les bordures. La mare est propriété du département, c’est un Espace Naturel Sensible Départemental. Après contact avec le service environnement du Conseil Général, nous avons obtenu la permission de réaliser des sessions de baguage sur le site.
Le rendez-vous a été fixé à 14 heures pour ceux qui pouvaient participer à la préparation des travées et au montage des filets. Etant donné la petitesse de la roselière et la concentration d’oiseaux au dortoir, Quentin avait décidé de n’installer qu’une seule travée, dans la partie ouest de la roselière. La partie est de la roselière constituerait la zone de tranquillité des oiseaux. La préparation de l’unique travée fut facile, les roseaux et les massettes sont sèches à cette période de l’année et sont faciles à couper. Le montage des filets fut plus problématique puisque les piquets étaient installés dans l’eau. Seules les personnes ayant prévu les cuissardes ont pu accéder à la travée (l’eau atteignait un mètre de profondeur vers le milieu de la travée). De plus, la tramontane, qui sévissait au moins à 20 km/h ce jour-là, nous a contraint à haubaner solidement les piquets (triple-haubans).
A partir de 16h30, les premiers bruants sont arrivés au dortoir. Quentin en a sorti quatre des filets en apéritif puis nous nous sommes repliés aux voitures, pour ne pas perturber l’arrivée des oiseaux. Ce fut un spectacle inouï: des centaines des bruants arrivaient de toutes parts, d’abord au compte-goutte puis, au fur et à mesure que le ciel s’obscurcissait, les bruants arrivaient de plus en plus par paquets. A 17h30, Quentin décida qu’il était l’heure d’aller démailler. Nous étions 10 pour cette tache et ce n’était pas de trop : les filets étaient pleins à craquer de Bruants.
Une longue phase exténuante démarrait : le démaillage des bruants de nuit, à la lampe frontale, avec un ciel et une eau glaciales. Ce ne fut qu’à 23h30 passé que les derniers bruants furent retirés des filets. Il faut dire que les derniers étaient sacrément emmaillotés et que seul Quentin pouvait s’en dépatouiller. A 9 aides-bagueurs, je pense que nous avons sorti des filets autant de bruants que Quentin tout seul ! Il y eu des phases de grande efficacité, suivies de phases de découragement devant l’ampleur de la tache.
Les trente derniers bruants ont été maintenus au chaud dans les mains des démailleurs démunis tandis que Quentin passait délivrer un par un les démailleurs et leurs bruants qui ressemblaient plus à des sacs de nœuds qu’à des oiseaux il faut bien le dire. Nous avons tous fini à une température de -5°, transits de froid, prêts à déclarer forfait. Mais avant d’arriver chez Charlotte à Congénies pour la suite de la mission, il a encore fallu retourner patauger dans la roselière afin de plier les filets et de ramasser les perches !
Après l’effort, le réconfort : Charlotte nous avait concocté un bon plat de pâtes et du vin chaud à Congénies. Bien contents de nous retrouver au chaud, les corps se réchauffent et l’humeur revient au beau fixe. Il est presque une heure du matin quand la phase de baguage à proprement parlé commence. Nous constituons deux équipes de baguage, l’une composée de Quentin et de Guillaume, l’autre composée de Christophe, d’Estel et de Renaud. Il nous faut trois heures pour passer en revue (les bruants sont âgés, sexés, mesurés, pesés et bagués) les 269 oiseaux contenues dans les sacs et dans les cartons. Nous levons le camp à 4h30 du matin…
Parmi les oiseaux capturés, un seul bruant était déjà bagué, ce dernier portait une bague portant la mention ‘Stockholm’, ce qui veut dire qu’il avait été bagué en Suède ! Par ailleurs, un seul oiseau parmi les 269 bagués n’était pas un bruant, il s’agissait d’un mâle de Pinson des arbres. Voilà, cette expédition restera dans les annales, de par ses conditions météorologiques extrêmes (le reste de la France était sous la neige à cette date), de par le nombre d’oiseaux capturés et de par l’accueil que nous avons bénéficié chez Charlotte pour le baguage. Les oiseaux ont été relâchés à la Mare de Cabanis le lendemain matin à 9 heures et les fiches de baguage ont été saisies dans la foulée par Charlotte, Christophe, Guillaume D et Quentin.
On peut citer en conclusion la blague de la soirée, émise par nos amis du Cogard devant le nombre d’oiseaux pris dans les filets : « il fallait nous prévenir qu’il n’y avait pas 1 200 bruants mais 12 000 !!! ».
A bientôt pour de nouvelles sessions de baguage sur la Mare du Cabanis (prochaine vers la fin janvier 2011).