Prospection des rivières cévenoles
Prospection des rivières cévenoles à la recherche de la Cordulie splendide Macromia splendens
Par Christophe
Du 6 au 12 juillet 2010, quatre d’entre-nous ont participé à des prospections libellules entre la vallée de l’Hérault, le bassin des Gardons et la vallée de l’Altier, sur trois départements, le Gard, l’Hérault et la Lozère ! L’objet de ces prospections était d’observer la Cordulie splendide Macromia splendens et de récolter des preuves de reproduction (exuvies) de cette libellule rare et protégée. Nous avions à disposition un petit kayak de rivière, qui offre l’avantage d’être très maniable, ce qui permet d’avancer rapidement sur le cours d’eau et de prospecter des secteurs totalement inaccessibles à pieds (et parfois aussi à la nage).
Auparavant, nous avions Jean-Laurent et moi publié une petite synthèse départementale concernant cette libellule en 2009 (téléchargeables depuis le site Internet de l’association). Nous connaissions déjà un certain nombre de stations de cette espèce sur l’Hérault, sur le Gardon de Mialet, sur le Vidourlet, sur la Cèze, sur l’Ardèche et sur le Chassezac. Le challenge consistait cette fois à trouver des preuves de reproduction de l’espèce sur d’autres secteurs, voire sur d’autres cours d’eau, notamment en Lozère où aucune preuve de reproduction de l’espèce n’était connue jusqu’alors. Les protagonistes de cette mission Macromia étaient : Luc Bastide (LB), Christophe Bernier (CB), David Delmas (DD), Markus Zinsli (MZ) et les exuvies (ex.).
Récapitulatif des zones prospectées et des résultats obtenus :
Lundi 5 juillet – Vallée de l’Hérault, au niveau du Moulin neuf à St-Bauzille-de-Putois (34), CB & MZ : Aucun Macromia observé mais 1 ex. de Gomphus graslini. Cette station « classique » de Macromia dans les années 2000 est devenue moins favorable à la Cordulie splendide, du fait du comblement progressif des zones profondes du fleuve, sans compter une fréquentation touristique excessive de ce secteur (base de Canoë-Kayak).
Mardi 6 juillet – Gardon de Mialet au niveau du village de Mialet (30), CB & MZ : 7 ex. de Macromia + 3 mâles observés. C’est la station qui a été étudiée par une équipe d’Allemands en 1998, Macromia y est donc toujours présent.
Mercredi 7 juillet – Gardon de Mialet, MZ : 3 Macromia observés à Mialet au pont de la Rouquette + 6 au pont des Plans dont 1 émergence ratée et photographiée.
Samedi 10 juillet – Gardon de Mialet, CB, LB & DD :
- Mialet (30) – le gardon au dessus des Plans : 9 ex. de Macromia + 3 mâles observés, 1 ex. de Gomphus graslini
- St-Jean-du-Gard (30) – le gardon au niveau de Falguière : 7 ex. de Macromia + 3 mâles observés
- St-Etienne-Vallée-Française (48) – le gardon au niveau des Poussels : 1 ex. de Macromia + 2 mâles observés
- St-Etienne-Vallée-Française (48) – le gardon au niveau du Martinet : 4 ex. de Macromia, 1 ex. de Gomphus graslini
Dimanche 11 juillet – Gardon d’Alès – Lac du Cambous à Sainte-Cécile-d’Andorge (30), CB, LB & DD : rien (lac aux eaux troubles et eutrophes).
Dimanche 11 juillet – Le Galeizon en divers points de Cendras et de Saint-Paul-la-Coste (30), CB, LB & DD : : rien (nous pensons que ce cours d’eau présente un régime trop torrentiel pour Macromia).
Mardi 12 juillet – Lac de Villefort (48), DD : 1 ex. de Macromia malgré des vagues
Bilan des courses : 39 exuvies de Macromia collectées et preuve de reproduction de l’espèce confirmée en Lozère. le Gomphe de Graslin Gomphus graslini, autre espèce protégée peu courante est également présente sur le Gardon de Mialet côté Lozère et c’est logique puisqu’on trouve souvent les deux ensemble. La Cordulie à corps fin Oxygastra curtisii (également protégée), L’Aeschne paisible Boyeria irene et le Caloptéryx occitan Calopteryx xanthostoma sont toujours associés aux précédents. Il y a aussi très souvent l’Agrion blanchâtre Platycnemis latipes, les deux Gomphes du genre Onychogomphus et parfois Le Cordulégastre annelé Cordulegaster boltoni. Les libellules plus printanières ne sont plus détectées à cette période de l’année. Remarquez que les dates d’observation de Macromia sont tardives, ce qui s’explique aisément par un retard généralisé des émergences cette année mais aussi par des eaux globalement plus fraîches et plus vives en Cévennes qu’en plaine méditerranéenne. Les exuvies de la Cordulie splendide sont pratiquement toujours trouvées groupées, sous des rochers, dans des anfractuosités, sur des souches à proximité immédiates de zones d’eau calmes à fond vaso-sablonneux à berges abruptes le plus souvent surmontées d’arbres. La personne qui utilise le kayak est systématiquement celle qui trouvait le plus d’exuvies de Macromia, quel que soit l’expérience des personnes qui restaient à pieds.
Malgré des recherches les années passées, nous n’avons pas encore observé la Cordulie splendide sur le Haut Vidourle et sur la Haute Cèze, mais nous ne désespérons pas de pouvoir l’y trouver un jour… Rendez-vous en juin-juillet 2011 pour remédier à cela !