Centre du Scamandre

Sortie oiseaux : Rendez-vous à 14h au  (5km au sud de Gallician) pour une 1ère ballade en compagnie d’Hervé.

De 16h30 à la tombée de la nuit en compagnie de Simon, nous irons écouter et peut être, avec un peu de chance, apercevoir le Butor étoilé.

Scamandre 26 mars 2010.

Et bien voilà, ça y est ! Dans toute vie de passionné de nature, de mordu d’ornithologie on rève à des journées uniques, des journées références….

Incontestablement ce vendredi 26 mars en est une.

Si je vous dis qu’en ce vendredi matin, jour inhabituel pour une sortie, décalée à cause d’une autre sortie prévue le lendemain et qui finalement, n’aura pas lieu, une météo matinale épouvantable qui agitait le spectre de l’annulation, c’était un euphémisme de dire que cette ballade ne s’annonçait pas vraiment sous les meilleurs auspices ! ….

Et pourtant, 9 participants, le dur du noyau dur se retrouvent dés 14h00 au parking de la réserve sous un soleil radieux.

La limpidité de l’air après les giboulées du matin, le vent soudainement tombé et la température enfin printanière, après un hiver d’une rigueur et d’une longueur sans précédent, étaient les ingrédients indispensables à la succulence de cette sortie.

Si l’on y rajoute un excellent Simon, que vous soupoudrez le tout d’un zeste de Maryvonne plus que jamais aux petits soins pour la troupe, que vous mélangez le tout avec un bestiaire fantastique et que vous faites pétrir cet ensemble pour le faire lever par votre serviteur vous comprendrez pourquoi, ce jour là, « on s’est fait péter la sous-ventrière !  »

Je rajouterai que ce menu extraordinaire s’est décomposé en 3 parties :

1/ Une balade formation-rigolade jusqu’à l’observatoire en guise de mise en bouche en attendant notre hôte.

 

2/ Une incursion dans les arcanes secrètes de Buisson Gros pour continuer d’affoler nos papilles.

 

3/ Un affût crépusculaire du côté du pont des Tourradons pour parachever ces merveilleuses agapes.

Installez vous bien, je vais maintenant vous conter, par le menu, le détail du repas que Dame Nature nous a offert:

Juste avant notre arrivée, la présence d’une Grue incongrue survolant les 3000 ha de roselière, probablement la dernière attardée des 3000 résidentes hivernales donnera le ton a une cascade d’observations.

Pendant les civilités d’usage, près de l’accueil, en plus des Chardonnerets, Roitelets (sp) et Moineaux, un Héron Gardeboeufs, au comportement atypique, semble plus attiré par l’intérieur des bâtiments que par la manade d’à côté.

Sur le sentier, une Mésange bleue, et au dessus de nos têtes une nuée de Mouettes rieuses, ricanantes, et de Mouettes mélanocéphales miaulantes, dans un vacarme assourdissant, nous ont offert l’occasion d’une excellente formation.

Hérons cendrés, Cormorans, Busards des roseaux et, bien sûr, Colverts et Goélands leucophées nous accompagnent jusqu’à la cabane.

Depuis la cabane, sous nos yeux, un défilé d’anatidés magnifiques en plumage nuptial avec toujours des Colverts, des Chipeaux, des Nettes rousses, des Souchets, des Sarcelles d’hiver et – excusez du peu – des Sarcelles d’été nous proposent (et les inconnus qui étaient là profitent aussi des explications ) quelques excellents critères d’identification.

Sur le sentier de Buisson Gros, une Sterne Caspienne, au milieu des Mouettes éclabousse de sa prestance tous les autres laridés.

Quelques facétieuses Panures à moustaches jouent à cache-cache avec nous alors qu’on en oublie presque les Pipits farlouses et autres Bergeronnettes grises.

Les Tadornes de Belon, les Ibis falcinelles, les Grèbes huppés et castagneux et une formidable remise de Fuligules milouins continuent de chauffer l’assistance en attendant l’arrivée de la star, la Talève Sultane dont le bleu profond, indescriptible, joue avec le soleil qui commence à décliner.

Vite, on doit y aller !

N’oublions pas l’objectif premier de cette sortie : l’écoute du chant du Butor étoilé.

En route, on croise encore quelques Bécassines des marais, des Echasses blanches, des Bruants des roseaux et même un Râle d’eau sans oublier un des tout premiers Hérons pourprés et bien sûr, omniprésentes les Foulques macroules et les Poules d’eau.

Arrivés au  » cul  » du Charnier, au pont des Tourradons,une cacophonie de Batraciens énamourés nous acceuille en fanfare alors que je me demande encore comment les milliards de moustiques, invités inattendus, avaient pu survivre sans nous jusqu’ici !

Des escadrilles d’Aigrettes garzettes et quelques grandes Aigrettes se dirigent vers leurs dortoirs.

2 gros Cygnes tuberculés, 200 Ibis falcinelles et 4 Spatules blanches passent sous nos yeux éblouis.

Les silhouettes d’un faucon Hobereau et encore des Buses et des Busards (dont un Saint-Martin ) se découpent sous un fond de ciel délicatement ourlé de rose.

A nos pieds, depuis ce qui peut sembler une platitude infinie et stérile, commencent à monter les chants du monde, tous ces bruits ancestraux que le printemps renouvelle sans cesse.

Au milieu de tous ces cris grinçants, couinants, chuintants martelés par le chant explosif de la Bouscarle de Cetti, les premiers  » Hou  » graves du  » Boeuf des marais  » commence à sourdre.

Depuis notre poste,l’oreille experte de Simon notera, au moins 3 mugissements différents.

Au fur et a mesure que les ombres s’allongent, jusqu’à disparaitre, la roselière s’anime de toutes parts.

Il n’y a plus le végétal d’un côté et quelques bestioles de l’autre,elle devient une entité, une belle et monstrueuse réserve de vie.

Je me rends compte que tous les participants sont fascinés par la diversité de toutes ces expressions vocales du petit peuple des marais.

L’appel étrange de la Talève Sultane, de la Marouette ou du Ragondin sont de vraies découvertes.

Je me dis qu’ils s’effaceront de notre mémoire auditive, et c’est dommage, car en comprenant leurs langages, ils nous deviennent si familiers qu’on les aime encore plus.

Alors que l’oeil humain commence à montrer ses limites nocturnes, 3 Butors s’envolent avec des battements d’ailes de gros Hiboux.

L’un d’entre eux frôle les toupets des phragmites à les faire plier et les 2 autres, comme a regret, montent plus haut dans le ciel pour mieux s’élancer, cap au nord, vers leur destin.

Autour de nous, encerclant la roselière, les lumières des hommes scintillent et enferment peu à peu le marais dans l’obscurité.

Le rideau couleur de nuit est tombé depuis un moment et, comme après un concert merveilleux, on a du mal à quitter la salle.

Heureusement les moustiques nous rappellent…qu’il n’y aura pas de rappel !

H.B.