Dixième safari chez le petit peuple de la nuit

Hier soir, le Petit Duc chantait sous ma fenêtre…

Me voilà dans le jardin, en slip et pieds nus, en train de scruter les frondaisons du mélia qui se détache sur le ciel en ombres chinoises (c’est curieux, cette expression n’a rien de rassurant…)

Bien sûr, comme je ne suis pas nyctalope (content de l’avoir placé celui-là) je ne l’ai pas vu.

En passant devant la magicienne, endormie profondément sur son « Lafuma », je lui ai tendrement remonté la couverture, j’ai arrêté la télé et suis retourné me coucher.

Passionnant non ?

Voilà une belle tranche de vie palpitante, d’un confiné que la passion confine parfois a l’obsession.

Mais voilà ! Allez vous rendormir après de telles émotions !

Alors j’en ai profité pour réfléchir sur l’angle d’attaque de mon prochain safari.

Une idée lumineuse a éclairé la chambre : et si je leur parlais des créatures nocturnes  qui, pour d’obscures raisons, ne sont généralement pas beaucoup aimés…

Soyons clairs ! Jusqu’à présent, la presque totalité des photos envoyées pendant notre enfermement, ont été prises dans le jardin.

Mais faut pas exagérer, la baguette de la magicienne ne lui confère pas tous les pouvoirs… surtout lorsqu’elle roupille ! …

Je vous ai donc concocté un mesclun d’images de quelques uns de ces êtres de l’ombre qui peuplent plus aujourd’hui notre imaginaire que notre voisinage.

Ces photos, exceptées celle de la chevêche (un chouette souvenir d’une rencontre faite à côté de la maison) ont été prises lors de mes errances naturalistes, le plus souvent en plein jour, lorsque l’habitant des ténèbres était sorti de sa diurne léthargie.

Ces merveilles d’adaptation méritent vraiment d’être mises dans la lumière car, elles aussi, subissent des coupes sombres dans leurs effectifs.

Pour l’imbécile superstitieux qui n’a pas les idées bien claires les nuits de pleine lune, ces sinistres créatures avec leurs grands yeux fixes, leurs griffes et becs crochus et leurs hululements lugubres ne peuvent être que des suppôts de Satan.

Il n’y a pas si longtemps que ça, on les clouait encore sur les portes des granges pour conjurer le mauvais sort.

De nos jours, c’est plus au bord des routes qu’on découvre leurs dépouilles au petit matin, après avoir été percutées par les voitures.

Pourtant le rossignol, le seul passereau qui chante et enchante nos nuits printanières, symbole de l’amour, bénéficie d’une immense côte de popularité, alors que peu de gens l’on déjà vu.

Il me permet de finir en atténuant un peu la noirceur de mes propos.

Allez zou ! Ça ne fait pas l’ombre d’un doute : cessons de broyer du noir, on arrive bientôt aux confins de notre confinement.

Je vous chouette une bonne nuit.

Texte et photos : Hervé Bertozzi

Petit-duc scops

Chevêche d’Athéna

Effraie des clochers (Dame blanche)

Chouette hulotte (juvénile)

Hibou moyen-duc

Grand-duc d’Europe

Chiroptères :

Pipistrelle

Sérotine commune

Rossignol philomèle

Renard roux

Putois