Journée d’observation à Montignargues
Samedi 31 mars
Journée d’observation et de récolte de données naturalistes (faune et flore) sur la commune de Montignargues (au Nord de Nîmes, en lisière du bois des Leins) dans le cadre de l’Observatoire du Patrimoine Naturel du Gard.
Rendez-vous à 10h avec le pique-nique sur la place du village.
Renseignements auprès de Charlotte (04 66 77 05 48)
Compte rendu proposé par Françoise Lienhard.
Retrouvez la liste des espèces sur l’Observatoire du Patrimoine Naturel du Gard
Montignargues est une petite commune proche de St Geniès-de-Malgoires, au sein la communauté de commune Leins-Gardonnenque.
La base de données de Gard Nature ne détenait que peu de donnée concernant cette commune. Une lacune compensée largement lors de cette dernière journée de mars. La participation à cette sortie de Christine Marsteau, naturaliste chevronnée, conseillère communale de Montignargues, est venue compléter l’équipe de 17 « chasseurs d’espèces », membres de Gard Nature – et de l’Oeil Vert, association gajanaise, venus en renfort. Madame Marsteau a présenté le projet en cours d’Atlas de la biodiversité communale, mené par Montignargues.
Le temps est au beau fixe et dès 10h, la chaleur ambiante incline à rechercher les ombrages. Un sentier frais mène jusqu’au vallon du Rouvegade, partagé entre les deux communes précitées, classé en ZNIEFFF de type 1. Elsa, quelques blondes années à son actif, manie lestement le filet à papillon pour attraper les piérides de la rave, tirsis, citrons de Provence, aurore et autre mégères, ondoyant entre les buissons de coronilles, et les lunaires en fleurs. Un échancré (Libythea celtis) se laisse même approcher et photographier. Plus près du sol gréseux, le cortège de plantes coutumières des bords de chemins frais agrémente la promenade forçant à une marche très ralentie, tant les espèces végétales sont nombreuses: Grande pervenche (Vinca major), plusieurs espèces de géraniums et de Véroniques, Stellaire pâle, (Stellaria pallida) aux pétales absents ou rudimentaires et aux étamines réduites à une à trois, Patience violon, lierre (Hedera helix), pissenlit (Taraxacum officinalis), Maceron (Smyrnium olusatrum), autour desquels s’agitent diverses espèces de mouches et de syrphes… pour n’évoquer qu’elles. Sous cette verdure quelques coquilles abandonnées de Zonites, de Theba pisana ou de petit gris laissaient entrevoir tout le petit monde des gastéropodes attendant désespérément la première averse de printemps.
Soudain, levant le nez, voici que le regard, comme aimanté, surprend entre les branches des chênes verts et blancs un busard des roseaux (Circus aeruginosus) : imposant, il vole serein et majestueux, ses ailes claires se terminant brusquement par des primaires noires. Captivés par cette rare vision, on allait presque passer à côté de la minuscule mésange bleue qui pourtant chante vigoureusement en réaction à notre présence.
La végétation devient rapidement plus spécifique des terrains de garrigues : deux espèces genévrier (Juniperus communis et Oxycedrus) ciste cotonneux, cornouiller sanguin, filaire à feuilles étroites, arbousier (Arbustus unedo), rosier toujours vert, (Rosa sempervirens), fragon, puis en se penchant plus près du sol quelques plants de Laîche glauque, (Carex flacca) anciennement C. glauca), de germandrée petit-chêne ou de globulaire dont la détermination suscite des interrogations… et des éclaircissements de Jean-Laurent qui tranchera pour (Globularia bisnagarica), en mesurant la largeur du capitule et la longueur des fleurs à l’aide de son index, et en appréciant la rigidité du bord des feuilles.
Débouchant ensuite sur un chemin plus large, gardé par un cortège d’ormes champêtres, présentant déjà leurs claires samares, de chênes et de fusains d’Europe (dits aussi « bonnets d’évêques »), on aperçoit une unique Barlie de Robert, (Himantoglossum robertianum), en fleur. Les papillons s’en donnent à cœur joie autour des aubépines odorantes.
Ouille. Le sentier devient maintenant rocailleux et orienté en plein « dian ». Pour nous inciter à le suivre, une grande tortue (Nymphalis polychloros) fait une brève apparition, large voilure sombre disparaissant dans le taillis mixte. Les essences du thym, chauffées par le soleil, parfument maintenant l’air, attirant un azuré du même nom, (Pseudophilotes baton). Ici et là fleurissent parcimonieusement le ciste cotonneux, l’aphyllante de Montpellier ou une épervière pour laquelle toute velléité d’identification fond au soleil.
Le vallon du Rouvegade nous accorde un peu d’ombre bienfaisante et nous nous asseyons dans le lit de ce ruisseau désespérément sec pour un mois de mars. Des abeilles charpentières et deux flambés mènent le bal autour d’un Bois de Sainte Lucie, Prunus mahaleb, en majesté.
Après le casse-croûte, nous faisons le point avant de reprendre nos observations. Nous marchons maintenant dans le Rouvegade. A notre gauche Montignargues, à notre droite St-Geniès-de-Malgoirès. Je trace deux colonnes dans mon carnet mais ces bougres d’insectes passent allègrement d’un côté à l’autre du ruisseau… et de mon carnet !
Qu’importe : voici l’azuré des nerprun, les citrons de Provence, mâles et femelles, le bombyle, le tirsis, une leste cicindèle. Les oiseaux se sont faits fort discrets avec la chaleur, à peine aperçoit-on un couple de roitelets à triple bandeaux dont le chant est à peine différencié de celui de son cousin, le roitelet huppé. Il fallait, pour les distinguer, l’oreille avertie de Jean-Laurent.
Le temps passe. Il est temps de retourner au village. Christine continue vers le Mazet de Madame Rouquette avec l’espoir de trouver quelques Dianes (Zerynthia polyxena). Le reste de la troupe commence une alerte grimpée qui nous donnera l’occasion de rencontrer quelques narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), d’entendre une fauvette passerinette, d’observer un hippocrepis qui ne révélera son petit nom qu’à celui qui trouvera ses gousses une centaurée pectinée et quelques criquets à ailes rouges, (Psophus stridulus).
Le cadeau de Dame Nature surgit au détour d’un roncier dans les derniers mètres de notre promenade : une Diane, fugace et inattendue. Charlotte et Jean Laurent s’engagent à sa suite le long de la haie en quête de l’aristoloche qui lui servira « d’hostellerie » pour sa progéniture.
En photo :
Narcissus assoanus
Genista pilosa (avec des feuilles de Bituminaria bituminosa…)
Paysage