Splendeurs natur’ailes n°5 : Le rougequeue à front blanc

Cette semaine, une fois n’est pas coutume, je vais vous faire un gros plan sur une seule espèce, à travers une histoire aussi belle que banale qui s’intitule : «le vieil homme et l’oiseau».

Un octogénaire, qui a perdu son épouse il y a quelques années, vit seul dans une grande maison, au pied des Alpilles, entourée d’un grand jardin qu’il entretient avec passion.

Cette demeure est pleine de recoins remplis d’objets hétéroclites, de ceux dont on ne se sépare jamais car on leur prête une âme…

Un jardin aussi beau, c’est un peu l’antichambre des grands espaces naturels.

Il n’a jamais quitté son village, si l’on excepte un séjour en Afrique, qu’il n’a connue qu’à travers un long service militaire… dans le djebel algérien.

Un jour, en visite chez lui, j’entends le chant très particulier, à la fois mélodieux et mélancolique d’un « Rossignol des murailles » qui exhibait fièrement, depuis le sommet d’un cyprès, son plastron orangé et son front immaculé.

Ces strophes claires m’ont subitement transporté quelques soixante années plus tôt, à une époque où l’on pouvait croiser plus souvent la route du bel oiseau.

Des bulles de souvenirs ensommeillés de la maison de mon enfance sont remontés à la surface de ma mémoire…

La madeleine de Proust en quelque sorte… mais en version acoustique.

Le jardinier m’annonce alors que le couple a construit son nid au dessus de la porte d’entrée !

L’endroit est insolite, mais doit lui convenir car, à chaque printemps, il brave tous les dangers pour venir perpétuer son espèce dans une gouttière… c’est pas banal… abritée de la pluie !

Je constate d’emblée que des liens de confiance se sont tissés entre l’homme et les oiseaux.

Montant d’un octave dans la voix, le jardinier, à coups de « Titi ! Titi ! » se met à les appeler. Ils ne tardent pas, alors, à venir se percher, très près de nous, sur le laurier rose (celui-là même qui, pensais-je de suite, devrait servir à mes photos un arrière-plan « impressionniste » du plus bel effet…)

En écrivant cette petite chronique, je ne sais toujours pas si c’est à cause du large sourire et du regard pétillant de l’octogénaire ou de la plastique irréprochable des gracieux insectivores que mon cœur se mettait à battre plus fort lors des retrouvailles…

Instants magiques.

Voilà ! Mes amis, je voulais partager avec vous ces quelques moments précieux, passés cette semaine avec l’un des plus beaux représentants de notre avifaune des jardins: le  Rougequeue à front blanc !

Si la femelle possède un plumage un peu plus prosaïque, elle sait conserver la grâce de l’espèce… et si on la regarde un peu moins que le mâle, elle nous le rappelle en faisant scintiller d’éclairs roux sa jolie queue vibrante pour attirer notre attention.

Et puis, du haut de ses quinze grammes, elle sait transmettre des tonnes de bonheur à notre brave jardinier.

texte et photos: Hervé Bertozzi

N’oublions pas son “cousin”, plus répandu chez nous : Le Rougequeue noir