Splendeurs natur’ailes n°7 : les ardéidés et la photo animalière
Je me (les) gèle, la lumière dorée du petit jour refroidit un peu plus mon affût…
Je me pose la question : qu’est-ce que je fiche ici, à 50 km de la maison devant cette roselière qui ondule et m’endort un peu plus ?
La dernière fois, j’en suis reparti tout courbaturé par la petitesse de ma tente et tout lardé de piqûres de moustiques.
Voilà plusieurs heures que je fais le pied de grue devant ce marais en espérant apercevoir au moins un pied… de ce satané héron.
L’auteur de ce mugissement si proche et si lointain à la fois, me jette hors du lit pour me redonner ce besoin étrange de vivre autrement, mélange subtil de solitude et d’adrénaline…
J’éprouve quelques remords (mais ça ne dure pas bien longtemps…) d’avoir abandonné mon épouse et le boulot de la maison que je ne cesse de remettre au lendemain…
Heureusement elle n’est pas rancunière car la photo naturaliste, si elle n’est pas partagée par l’autre, serait un passe-temps réservé aux célibataires ou aux futurs divorcées ! …
Pourtant la photo, en soi, n’est pas ma passion première, la technique m’ennuie, seule la magie de la découverte m’obsède, pas uniquement celle qui me permet de rencontrer un animal nouveau mais surtout celle qui me donne de nouveaux yeux.
Avec la connaissance et beaucoup de chance on peut figer sur la carte mémoire la grâce d’une posture, la pureté des lignes d’un oiseau qui décolle…
Assouvir en somme, cette obsédante quête du beau.
Celle là même que j’essaie modestement de partager avec mes amis dans mon petit atelier de peinture.
Mais au final, ce plaisir n’a de sens que s’il est partagé et c’est pour cela que vous êtes en train de me lire…
Je vous propose, dans la chronique de cette semaine, de partir à la découverte de la famille des ardéidés (autrement dit, les hérons) qui compte 9 espèces dans l’hexagone.
Ces oiseaux dont le physique s’est modifié de façon spectaculaire au fil de l’évolution proposent souvent de beaux sujets aux photographes animaliers…
Au fait, est-ce qu’il l’a vu, le père Bertozzi, cette satanée bestiole du début de l’histoire, dont les effectifs, en même temps que l’environnement dans lequel elle vit, diminuent comme peau de chagrin ?
Peu importe ! laissez planer… le doute et laissez s’envoler.. votre imaginaire.
Du plus grand au plus petit : le trombinoscope de la famille.
Le Héron cendré. Le plus connu des hérons. C’est le régal du photographe.
La Grande aigrette. Elle se distingue de la garzette par sa grande taille, ses doigts noirs , son bec jaune, son cou anguleux et la lenteur de ses battements d’ailes…
Le Héron pourpré. Silhouette serpentiforme. Se “statufie” dans la roselière lorsqu’il se sent menacé.
Le Butor étoilé. L' »arlésienne” des hérons. L’énigmatique “bœuf des marais” se fige et se fond à merveille dans son environnement.
L’Aigrette garzette. Immaculée, svelte et élégante avec ses gants jaunes –verdâtres. A failli disparaître, sacrifiée sur l’autel de la mode à cause de ses fines aigrettes…
Le Bihoreau gris. Courtes pattes et “absence” de cou sont des critères qui masquent mal la beauté du manteau et des yeux de ce joli héron crépusculaire.
Le Héron garde-bœufs. Indissociable des grands herbivores, ils se distinguent de la garzette par son allure plus trapue et son bec jaune.
Le Crabier chevelu. Plumage ocre jaune et bec bicolore, ce joli petit héron “chevelu” occupe une grande mosaïque de milieux.
Le Blongios nain. Lilliputien de la famille, le blongios, à l’instar du butor est inféodé à la roselière et expert dans le mimétisme.
Texte et photos : Hervé Bertozzi