Neuvième safari dans l’intimité des oubliés du jardin
Vos mercis sont le meilleur carburant pour m’aider à poursuivre la route des chroniques du jardin magique.
Avec le plan cadastral sous les yeux (et une bonne dose d’imagination…), ce jardin ressemble à un bateau.
Les oiseaux le confondraient-ils avec une arche de Noé, qui naviguerait sur une mer de béton et de pelouses aseptisées ? Peut être.
En tout cas, cet autre monde, c’est mon Jurassic Park à moi…
Nos voisins helvètes affirment qu’il faut toujours laisser un coin de verdure si l’on veut voir danser les fées…
En cette période ou la nature reprend possession d’une partie de ses territoires, les quelques petites bêtes qui viennent s’y réfugier me font du bien à la tête et chassent les miasmes qui voudraient s’infiltrer dans mes pensées.
Surtout certains soirs lorsque les séparations s’éternisent, ou qu’apparaît l’oracle Salomon sur le petit écran.
Il m’arrive alors de couper le son et regarder virevolter, gracieuses comme des papillons, les mains qui parlent à ses cotés.
Mes photos pourraient faire croire à une nature luxuriante et prospère.
La chute vertigineuse de la biodiversité (terme très tendance) qui s’accélère au fil des ans, est pourtant bien réelle. Elle devrait nous interroger, nous qui ne sommes que des colocataires de cette terre que nous avons empruntée à nos enfants .
Venant d’une contrée lointaine, souvent la même, un virus nous a confiné dans nos terriers.
Il aurait été transmis par d’innocents petits mammifères que l’évolution, pour leur plus grand malheur, a habillé d’écailles très prisées dans une pharmacopée obscurantiste.
Ils sont massacrés à grande échelle après avoir été délogés de… leurs terriers.
Bon ! je ne vais pas en faire un roman.
Là-dessus, on ne compte plus les spécialistes alarmistes, avec des C.V. longs comme des rouleaux de P.Q., qui pourraient en parler bien mieux que moi.
Une fois n’est pas coutume, cette intro est un peu sombre…
Alors je vous propose de mettre la lumière sur des oiseaux ordinaires qui vivent depuis la nuit des temps si près de nous qu’on ne les remarque même plus.
Pas d’immenses rassemblements de tisserins sur fond de coucher de soleil embrasé dans le décor sublime d’une savane africaine.
Non, simplement quelques banals « pierrots » , des simples « piafs »… pourtant pas si ordinaires que ça lorsque l’image parvient à les mettre en valeur.
Les moineaux enveloppaient autrefois nos mas et nos jardins, comme les mailles d’un filet vivant, dont on se résout aujourd’hui, avec fatalisme, à ne plus ravauder les trous béants… parce qu’on a perdu le fil.
J’ai rajouté quelques hirondelles que le beau mois d’avril nous a ramenées…
Et quelques fleurs de Mary la magicienne… pour cause de muguet confiné.
Texte et photos : Hervé Bertozzi