Observation des flamants roses au Pont de Gau-Mercredi 10 février 2016
Cette sortie au parc ornithologique du Pont de Gau, consacrée aux flamants, remplaçait celle prévue le dimanche précédent qui avait été annulée suite aux intempéries.
Quelques participants pressentis le week-end n’ont pas pu venir et c’est « seulement » 17 personnes qui se sont retrouvées devant le guichet à 10h.
Le soleil s’est montré généreux jusqu’à midi, puis a laissé sa place à la grisaille et au vent froid.
Aucun découragement ne s’est emparé de la troupe puisque les bisous du départ ont été généreusement distribués à partir de 16h00.
Le décor « logistique » étant planté, passons aux motifs naturalistes, à ces « obscurs objets du désirs » qui avaient motivé cette journée de découverte.
Je ne ferai pas une liste « à la Prévert » des espèces rencontrées (notre dévoué preneur de notes, Laurent, n’étant pas là) et ma mémoire sélective ne retiendra que quelques espèces remarquables et emblématiques comme les Ibis falcinelles, les Grues cendrées, les Hérons cendrés et bien sûr les Flamants roses.
Vous allez penser que les Flamants roses n’ont rien de remarquable dans le delta camarguais, mais nulle part ailleurs il est possible de les voir d’aussi près, de pénétrer avec autant d’intensité dans leur intimité (sans aucun deuxième sens ! ).
Ces créatures nées de la boue, du soleil et du sel (sic) symbolisent parfaitement ce qui reste dans notre mémoire de grands enfants, d’une Camargue romantique et sauvage.
Coincés dans les gaz d’échappement, les pauvres estivants qui croient découvrir un jardin d’Éden ne voient souvent, sur la route des « Saintes » qu’une longue file de voitures, qui les conduira jusqu’à une plage surpeuplée, bordée de bitume et de béton !…
Pourtant, juste à côté des rizières, des salines et des stations balnéaires, à l’abri des colères du Rhône, au milieu d’un mistral à décorner les « bious », une nature fascinante mérite d’être découverte.
Cette merveilleuse parcelle de paradis a été posée là, sur une route migratoire millénaire, pour accueillir les passagers du ciel qui viennent s’y reconstituer.
Les Flamants roses ne migrent presque plus et trouvent leur bonheur dans les marigots boueux oubliés par l’ogre industriel.
Depuis la nuit des temps ils perpétuent leur danse amoureuse pendant l’hiver, incontournable prélude à la reproduction de l’espèce.
C’est ce fascinant spectacle auquel nous avons été conviés.
Je ne m’étendrai pas sur la complexité des figures de style que nous ont proposés ces « grands dadais » aux échasses et aux cous interminables.
Je dirais simplement que, loin d’être le joyeux bordel assourdissant qui s’offre au premier abord à nos yeux, cette cérémonie collective stimule des gestes mécaniques très codifiés et hautement spectaculaires.
On ne peut pas rester indifférent devant ces quelques milliers d’individus, à l’allure improbable, secoués soudain par cette frénésie amoureuse au milieu d’une eau fétide avec ces escadrilles aux ailes de feu qui nous frôlent le crâne de façon incessante.
Nul besoin d’observer les réactions des membres de notre petit groupe pour comprendre que la journée était déjà réussie.
Si l’on rajoute à cette symphonie magique, la présence d’un flamant nain, peut-être dérouté de sa Mauritanie natale, on n’est pas loin d’atteindre les limites de l’étrange.
Parler du flamant nécessiterait un ouvrage mais si vous voulez en savoir plus, on pourra faire une soirée vidéo, au frigo ou ailleurs…
Un mot aussi sur les grands hérons cendrés, somptueux dans leur plumage de noce qui cohabitent avec nos roses échassiers dégingandés.
La héronnière qui s’offrait à nos yeux était en pleine activité.
Sur les HLM de branchages, les va-et-vient incessants nous ont offert un spectacle rare.
Dans le parc, la cohabitation des oiseaux « rassurés » et partiellement nourris de la main de l’homme, déclenche le processus de la reproduction beaucoup plus tôt qu’à l’extérieur.
S’il fallait une preuve, ce serait celle de ces trois poussins prêts à l’envol (en plein mois de février!).
Alors que le cycle de la nidification est bien entamé dans le parc, à l’extérieur, à quelques encablures de là, les Grues cendrées en hivernage pâturent toujours dans les emblavures.
Loin des grands troupeaux observés ces dernières semaines, les plus grands échassiers d’Europe commencent à se regrouper par trois avec leur rejeton de l’année précédente, avant le grand départ vers la Scandinavie.
Ouh là là… On cause, on cause et je me dis qu’il faut que j’arrête sinon la gazette ne sera pas assez grande… pour toutes les fines plumes de l’assos.
Mais que voulez-vous quand on aime, on perd le sens de la mesure surtout lorsqu’il s’agit de parler de cette vie qui foisonne encore autour de nous, de tout ce bestiaire qui peuple nos rêves et qui, un beau matin, aura disparu sous les coups de boutoir de la civilisation.
H.B.