Oiseaux du Planas et de l’aérodrome de Pujaut

Ce n’est pas la foule des grands jours pour cette sortie qui va prouver que les absents ont souvent tort.
Le rendez-vous est fixé à la poste de Rochefort-du-Gard à 8h00. Bon endroit et bonne heure : c’est devant la boulangerie et l’odeur de croissant chaud fait palpiter nos narines…
Le but prévu était le Planas, mais une prémonition confuse nous fait craindre que nous n’y verrons pas la pléthore d’oiseaux espérée.Nous commençons donc par emprunter le très célèbre « chemin de la Loyane » où nous avons déjà par le passé fait des rencontres intéressantes.
Après quelques mètres parcourus sur ce chemin, JLH (Jean-Laurent pour les non-initiés) trouve un endroit propice à l’observation de petits oiseaux ; nous nous arrêtons et presque aussitôt nous entendons un cri répétitif et peu connu qui le met en transe. Ce qu’il pressent à ce moment a pour résultat de motiver le petit groupe et une recherche attentive commence. L’animal change plusieurs fois de place et nous le suivons avec anxiété.
Brusquement, il crie à nouveau très près de nous et la prospection prend alors l’allure d’une opération militaire : dans un « fixer-déborder » que n’auraient pas renié les plus grands stratèges d’une unité d’infanterie, JLH part à gauche dans les vignes en prenant soin de rester à couvert et Eve (Elisabeth) investit le flanc droit du théâtre des opérations. Le reste de la troupe reste en place avec deux lunettes braquées sur l’endroit supposé où la bête se croit à l’abri.
Soudain nous remarquons que l’attitude d’Eve a changé, elle est prise de tremblements et une roseur inhabituelle teinte son visage. Nous la rejoignons tous et découvrons enfin l’objet de toute cette effervescence : LE Torcol fourmilier est là, il se rend, et c’est une belle victoire.
En effet, pour nous tous, c’est une « coche », sauf pour JLH qui fût sûrement oiseau avant de devenir le fringant bipède humain que nous connaissons, pratiquant ainsi la métempsycose à l’envers. Nous continuons la balade d’un pas léger (nous sommes en voiture) car d’ores et déjà le contrat « journée faste » est rempli.
Après le chemin de la Loyane, nous contournons l’ensemble des terres formant l’Ancien Etang de Rochefort. Le long d’une roubine, des odonates retiennent notre attention. Beaucoup volent en tandem, ce qui indique que les pontes ne sont pas terminées.
Il y a là des chasseurs et nous devisons avec l’un d’eux entre « guerriers ». Deux bonnes nouvelles : il rentre chez lui car c’est l’heure du déjeuner et il est bredouille.Nous abordons le site du Planas qui était le plat de résistance de la sortie et nos craintes se confirment : il n’y a pas grand chose à voir. C’est à ce moment que Michel nous rejoint ; il est affamé après une dure matinée de travail et, par compassion , nous nous installons à l’ombre de petits arbres pour une « frugale collation » comme aurait dit Georges Brassens.
Après cet arrêt réparateur, nous rejoignons l’aérodrome de Pujaut où une autre surprise de taille nous est réservée. Après avoir repéré divers petits oiseaux dont le très élégant Traquet motteux, nous regardons le ballet des avions qui montent haut dans le ciel dans le seul but de jeter des parachutistes qui retombent inexorablement à terre.
Les réflexions habituelles fusent :
– je ne pourrais pas faire cela !
– cela doit être grisant !
– et si le parachute se met en torche ?
Tout à coup, sous des paras, un grand rapace en migration, imperturbable dans sa progression, nous montre une beauté bien plus naturelle que les teintes bariolées des parachutes.
Les pronostics vont bon train : Buse variable ?, non trop grand, Balbuzard pêcheur ?, non il n’a pas de canne à pêche, Percnoptère d’Egypte ?, non, on ne voit pas la longue tête jaune.
Nous nous tournons alors vers notre oiseau (de bonne augure) accompagnateur qui, après quand même une petite hésitation, annonce un Aigle botté juvénile. C’est pas une deuxième surprise, çà? Le pas s’allège encore en repartant. Nous sommes contents, sauf Eve qui insiste depuis un moment pour voir les Outardes et comme elle risque de devenir désagréable nous cédons et gagnons le parking des planeurs pour découvrir la cinquantaine d’Outardes canepetières habituées du lieu.
L’une d’entre elles soulève la curiosité et l’apitoiement car elle a son bec distendu et tordu vers le bas. C’est en réalité la troisième surprise de la journée : un Courlis cendré, rarement vu ici à notre connaissance, partage l’ordinaire des Outardes.Devant ce nouveau cadeau de la nature nous pensons que point trop n’en faut et certains ayant évoqué que l’heure du goûter approchait, nous regagnons nos nids respectifs avec la sensation qu’aujourd’hui la qualité a pallié la quantité.