Sortie dans la plaine de la Crau
Le scénario de cette dernière sortie ornithologique du semestre dans la plaine de la Crau devait s’écrire à deux mains.
Comme vous le savez, notre ami Laurent le programmateur n’est jamais à court d’idée lorsqu’il s’agit de refiler du boulot aux animateurs.
En effet, avec André, notre entomologiste patenté qui devait profiter de cette balade dans notre petit désert provençal pour essayer de débusquer le bien-nommé Criquet de la Crau, j’étais investi, de mon côté, d’une mission visant à faire connaître quelques oiseaux inféodés à cette steppe semi-désertique.
Hélas, la veille, patratas ! André me téléphone, dépité, pour m’annoncer une drôle de nouvelle : le périmètre ou l’insecte rare est sensé avoir trouvé son dernier refuge est interdit aux bipèdes.
Motif : avec l’état d’urgence décrété et le vol récent d’explosifs, cette zone située au plus près du dépôt de munitions de l’armée était devenue zone interdite.
Ne souhaitant pas que nos 17 gentils participants à cette journée finissent au gnouf, nous avons convenu de … ne pas y aller.
Finir sous les verrous pour une bestiole qu’on est même pas sûr de voir aurait constitué une faute de goût dans la maison Gard-naturienne.
Donc, dès 8h00 (félicitations à tous les présents matinaux!) le contenu du briefing traditionnel, autour du café, qui précède toutes grandes manœuvres, dévoila un plan B, et même C, concocté nuitamment par votre chaperon qui n’est jamais pris au dépourvu, sauf par le mauvais temps.
Après une présentation sommaire de la plaine de Crau, voici comment le déploiement du commando s’est effectué :
9h00 : début de la traversée du désert de cailloux du sud au nord avec communication par talkies-walkies entre les véhicules.
13H00 : ravitaillement à l’arboretum de Saint Martin de Crau avec rations roboratives tirées des havresacs.
15H00 : marche en plein cagnard pour aller admirer les évolutions aériennes de la colonie de Guêpiers du Destet.
16H30 : toujours plus au nord, en ordre dispersé, tentatives d’approche réussies du dragon provençal, le somptueux Lézard ocellé à Eygalières.
18H30 : retour au casernement (enfin…chez nous).
Détente en écoutant quelques chansons douces autour d’un dernier verre pour remobiliser une partie de la troupe qui n’en demandait pas tant pour en découdre à la prochaine sortie.
20H00 : saluts pas très militaires sur les joues rosies par le soleil et séparation des corps.
Conclusions :
In fine, les militaires (les vrais) ne nous auront enquiquinés qu’avec le vacarme assourdissant des avions de la patrouille de France de la base d’Istres au dessus du territoire des Crécerellettes et des Oedicnèmes.
Le fait d’avoir été contraints de changer notre F.M. d’épaule aura permis à la plupart d’entre nous de découvrir quelques charmes naturels et discrets de notre belle Provence en voyageant à travers la plaine de la Crau et les Alpilles.
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, un beau voyage initiatique aux pays des oiseaux rares.
Tout film a un générique de fin.
Auront, entre autres, contribué à la réussite de cette journée :
les Alouettes calandres, les Faucons crécerellettes, les Pipits rousselines, les Œdicnèmes criards, le chaud soleil revenu, la relative fraîcheur des pinèdes, les mariés de la chapelle Saint-Sixte, la belle « Rassado » (Lézard ocellé en provençal), les chasseurs d’Afrique (alias les Guêpiers d’Europe), et… l’enthousiasme et le sourire rayonnant de tous les biffins qui ont participé à ces grandes manœuvres.
Repos !
H.B.