Sortie découverte à Saint-Christol-de-Rodières

Compte rendu proposé par Jean-Laurent Hentz

Temps printanier en cette fin d’année, obligeant au dépôt des blousons au déjeuner… Soleil radieux, pas de vent, et l’entrain des 26 adultes et 2 enfants participant à cette journée.

Suivons donc Liza et Emma dans leurs pérégrinations. Tout d’abord, comme de coutume, il a fallu attendre un peu les derniers arrivants. Précisons que les origines étaient fort diverses : Saint-Julien-de-Peyrols pour les voisins les plus proches, Beaucaire, Anduze, région alésienne, Uzès…
Première curiosité : les magnifiques Aubépines qui entourent le terrain de foot. Nous nous engageons sur le sentier de randonnée, contournons le cimetière pour découvrir un Lézard des murailles prenant le chaud en haut du mur d’enceinte. Forêt de Chênes blancs sur calcaire…

Une prairie en contre-bas attire le groupe, permettant à Emma de tenir, pour la première fois de sa vie, un criquet entre ses doigts (non sans avoir vérifié auparavant l’innocuité de ce contact inattendu…). Criquet : parce qu’il a les antennes courtes et qu’il saute allègrement. Oedipode automnale : ses ailes longues sont sombres avec deux taches claires caractéristiques, cachant par dessous deux autres ailes (tiens les criquets ont donc 4 ailes ?) translucides avec une teinte délicatement bleutée…

Didactiques aussi les Genévriers : le Genévrier commun (à une bande blanche) s’embranche avec un Cade (à deux bandes blanches sous la feuille…). Quelques Cistes cotonneux, de jeunes Pins sylvestres, des Peupliers blancs et des zones de suintement qui confèrent une certaine attractivité au site. Une libellule est repérée par Thierry. Une libellule, à cette époque ? Petite, effilée, brune, elle disparaît quasiment à la vue dès qu’elle se pose sur une branche d’arbre. C’est le Leste brun (Sympecma fusca), seule espèce à passer l’hiver à l’état volant.

Passage en forêt sous de grands Pins sylvestres très caractéristiques (plus que les jeunes), et premières pertes à déplorer : des champignons éloignent de façon énigmatique mais insistante plusieurs membres du groupe. Si les Lactaires délicieux font consensus, les autres espèces entraînent quelques discussions… Les botanistes ont noté au passage un gros bloc de grès, signalant un changement de sol, mis en avant par l’apparition de nouvelles plantes : Ciste à feuilles de sauge, Fougère aigle, Bruyère à balai, Arbousier… Toutes ces espèces signant l’acidité du sol. 100 mètres plus loin et l’on retrouve les classiques de garrigue : Thym, Stéhéline, Genêt scorpion…

Belle observation sur le plateau (un peu après la borie dans laquelle nous n’avons pas senti l’odeur tant attendue du berger…) d’une Buse blanche.

Le moment du repas est arrivé, partagé sur des couvertures… au terrain de foot, à côté de la route ! A ces écolos ! Mais quelle route : pas le moindre trafic durant cette heure de repos très appréciée…

L’après-midi, on repart sur les chemins, de l’autre côté du village, sous la houlette de Stéphane, venu en ami et voisin, et de Françoise, autre naturaliste amateur de St-Julien. Et la liste des espèces botaniques s’allonge peu à peu ; les oiseaux restant discrets… Un Criquet pansu qui se croyait invisible passe entre nos gros doigts : c’est pour Emma, la spécialiste.
Et puis, le drame arrive : panne de scotch ! L’adhésif, pas le diurétique ! Il faut improviser, et vite, pour éviter l’explosion de toute cette concentration portée par Liza à son carnet-herbier… Jean-Louis aime à rappeler notre slogan préféré : Gard Nature, ça assure ! Sortie du grand Opinel tout neuf de la poche, ouverture du sus-dit Opinel, et essai de tranchage de la feuille de carnet… ratant de peu la cellulose…
Avec un peu plus de précision, une entaille est réalisée, d’un centimètre environ, puis une seconde parallèle, un peu plus bas… Liza, on n’a pas besoin de lui faire un dessin : l’idée fuse plus vite que les photons malmenés par les feuilles de chênes couvrant le chemin… Et la feuille sèche et dont le limbe a été mangé, un squelette de feuille pourrions-nous dire, se retrouve presto attachée dans le carnet.

Une histoire géologique du calcaire, du grès, du silex, une distribution de points pour bonnes réponses, quelques ramassages de lichens pour les couronnes de Noël ont complété le tableau. Le retour aux voitures fut joyeux, et la gaieté à peine perturbée (pour ne pas dire augmentée) par la découverte du totem de Saint-Christol-de-Rodières : un ancien poteau téléphonique affublé de palmes (de palmiers), masque (de visage), sortes de lampes (en plastique), plaque (en fer blanc), agraphes et tableau peint sur ardoise … Les commentaires sont allé bon train, et quelques improvisations ont secoué les cerveaux. Mais le mystère reste entier !

Compte rendu des observations sur l’ Observatoire du Patrimoine Naturel du Gard.