Sortie Oiseaux : découverte de la plaine de la Crau

Rendez-vous à 9h chez Maryvonne et Hervé à Tarascon (parking de l’hôpital) ou, pour ceux qui connaissent le coin, 9h30 à la réserve naturelle de Peau de Meau (5 km au sud de St-Martin-de-Crau)
Le compte rendu d’Hervé :

Sortie à Peau de Meau : Samedi 9 oct 2010 (soleil le matin et ciel de plus en plus voilé l’après midi, vent faible)

Après la trêve estivale, les affaires ont repris avec cette 1ère sortie, souhaitée par quelques adhérents, dans la très particulière plaine de la Crau.

Que les « cocheurs » absents se rassurent : ils n’ont pas eu tort !
Le climat, très doux pour la saison, n’ayant pas encore ramené son lot d’hivernants et les estivants étant déjà repartis, nous espérions néanmoins, secrètement, croiser la route de l’oiseau mythique des lieux, mais l’observation du fameux Ganga s’est avérée…..une cata.!

Pourtant, l’absence annoncée, mais toute relative, (voir la liste jointe) du nombre d’espèces rencontrées n’a pas entamé la bonne humeur du petit groupe de 12 participants, dont la plupart pénétrait pour la première fois dans le « désert provençal ».
C’est donc la découverte de ce paysage surprenant, unique en Europe, recouvert de galets à perte de vue et où aucun arbre ne pousse, qui a suscité l’intérêt et alimenté les conversations jusque tard dans l’après midi.
Résumer la Crau à une simple plaine inhospitalière serait une injure lorsqu’on connait son histoire et son patrimoine écologique. Sans développer le sujet (les ouvrages à ce sujet ne manquant pas), je rappellerai simplement quelques particularités : la Crau est l’ancien delta de la Durance.
A une époque pas si lointaine, il y a 12000 ans, à la fin de la dernière grande glaciation, la Durance, après avoir déposé dans son delta des quantités titanesques de sédiments et de roches arrachées aux Alpes, a fini par modifier son cours, pour se jeter dans le Rhône par l’action conjuguée d’un barrage qu’elle s’était elle même fabriqué, de l’élévation du niveau de la mer et d’une dépression qui se créait au pied des Alpilles.
Elle laissa derrière elle un immense cône de déjection fait de galets et de couches calcaires très dures sous la surface du sol (le »poudingue ») dont l’étanchéité empêche tout enracinement en profondeur. Un arbre ne pouvant jamais atteindre la nappe phréatique seules les graminées ont colonisé ce paysage lunaire (le « Coussous ») aidées en cela par un micro climat exceptionnel dû aux galets qui emmagasinent la chaleur le jour pour la restituer la nuit.

Si on rajoute à cette température infernale l’été, un Mistral qui, après avoir pris son élan dans la vallée du Rhône se déchaîne en arrivant dans la Crau, on comprend mieux pourquoi cette terre qui faisait 60000 ha a fait, très tôt, peur à nos ancêtres.

Et pourtant, il y a environ 6000 ans l’homme a compris que cette herbe, dont les qualités nutritives ne sont plus à démontrer, s’y est installé durablement avec ses troupeaux de moutons. Les dizaines de bergeries qui parsèment ce paysage austère, certains vestiges datant même de l’époque romaine ayant été mis à jour, attestent de la présence des hommes et de leurs troupeaux depuis des temps immémoriaux.
Le pastoralisme intensif avec l’apport de l’engrais laissé par les ovins, rythmé par des périodes de repos durant l’estive, loin d’épuiser les ressources, ont permis une exploitation rationnelle de cette morne plaine.
Plus prés de nous des travaux d’irrigation puis le développement du complexe industriel de Fos ont modifié sensiblement le paysage originel pour se réduire aujourd’hui à 11000 ha seulement.
Malgré plusieurs évènements malheureux dont le dernier en date a été la pollution occasionnée par la rupture d’un oléoduc souterrain, ce petit bout de nature unique, une des dernières steppes d’ Europe, grâce notamment à la mise en réserve d’une partie (dans laquelle s’inscrit Peau de Meau) continue d’entretenir une faune endémique dont l’avenir nous appartient.

 

Parmi les oiseaux, le plus célèbre d’entre eux est le Ganga cata oiseau des déserts Africains, sans oublier le Faucon crécerellette dont la population Française est passée très prés de l’extinction ou bien l' »Arlésienne », l’Alouette calandre.
Autour de la bergereie, à défaut d’Oedicnème ou d’ Outarde canepetière nous nous sommes intéressés aux insectes, aux plantes et aux très nombreux Traquets motteux en pleine halte migratoire et qui nous ont, en quelques sorte, évité la « Fanny Ornithologique ».
Lors de l’aller, après une visite à l’écomusée de St Martin de Crau dont les cimaises étaient garnies d’une belle expo photo sur les libellules, nous avons fait une halte au bord de l’étang des Aulnes et au retour, nous nous sommes improvisés chiens de berger pour récupérer quelques dizaines de brebis avec leurs agneaux qui s’étaient échappées de leur enclos.
Si je rajoute que la petite Lucie a réussi, avec stoïcisme son examen de marche dans les galets, qu’Henri a choisi cette sortie pour respirer sa première bouffée de nature, que la pose repas à la bergerie s’est déroulée dans une excellente ambiance, je conclurai en notant qu’à Gard Nature il n’est pas nécessaire de croiser le chemin de la bête pour rendre les gens heureux.

H.B.

Espèces vues (dans l’ordre d’apparition) :
Buse variable
Pie bavarde
Tourterelle turque
Goéland leucophé
Fauvette mélanocéphale
Grande aigrette
Etourneau sansonnet
Héron gardeboeufs
Choucas des tours
Corneille noire
Traquet motteux (plusieurs dizaines)
Alouette des champs
Cochevis huppé
Faucon crécerelle (nombreux)
Pigeon ramier( 2 vols de 50)
Milan royal (1 en migration active)
Geai des chênes
Busard des roseaux

3 lièvres
2 scolopendres

Espèces entendues :
Gallinule poule-d’eau
Bouscarle de Cetti