Ce n’est pas parce que nous avons battu les records de chaleur cet hiver (depuis la préhistoire de la météo) que la température de ce samedi de mars n’était pas dans les normales de saison (comme disent les météorologues à la télé).

Après la giboulée de la nuit, un petit vent frisquet est venu rouler les derniers nuages pour les remiser vers l’est.

Un papillon Vulcain sort de sa torpeur, une Rainette fait ses premières gammes, les Goélands leucophées miaulent de bonheur pour saluer la lumière revenue, avant-hier j’ai vu passer deux Milans noirs….

Tous ces petits riens qui annoncent l’arrivée imminente du printemps.

Nous voilà donc 14 participants (dont 2 nouvelles frimousses) au rendez-vous devant la poste du Grau du Roi.

Mine réjouie du fan-club des sorties nature.

Au programme : coquillages et (non,pas crustacés!) oiseaux.

J’avais appris la veille qu’il allait y avoir de l’effervescence dans notre jolie citée balnéaire à cause d’un concours d’abrivado qui devait se dérouler sur la plage .

Dominique, notre experte en coquillage, en était, parait-il, chagrinée pensant que nos bivalves après le passage des sabots des chevaux et des taureaux ne seraient plus exploitables pour la «détermination scientifique ».

Pour ma part, j’espérais secrètement que ce concours ait bien lieu car je souhaitais montrer une facette de nos traditions à tous ces gens de notre association qui « parlent pointu ».

Hélas, le fameux concours avait lieu sur la plage du Boucanet, c’est à dire à l’opposé de notre lieu de prospection.

Mais, oh surprise ! Une majorité (pas silencieuse) avait envie de découvrir ce qu’il est convenu d’appeler une de nos dernières traditions tauromachiques autorisées.

C’est ça qui me plaît dans les sorties programmées : c’est qu’il n’y a rien de programmé pour qu’on puisse sauter avec délectation sur l’actualité.

Après une explication indispensable du spectacle (et de ses dangers) auquel nous allions assister, nous voilà de l’autre côté du port .

Les regards brillent !

Devant nous, à perte de vue, la vision dantesque d’une foule énorme encadrée seulement par la mer d’un côté et les pyramides improbables de la Grande Motte de l’autre.

Pendant que Jean-Louis, en bon berger (normal pour un piquard…) se propose pour la surveillance de nos chères adhérentes, les hommes, n’écoutant que leur courage, appareils au poing, partent immortaliser l’événement, au plus près de l’action…

Voilà, retenons seulement que le spectacle était bien au rendez-vous et que, du néophyte au spécialiste, tout le monde est reparti ravi, rive gauche, avec des images plein la tête.

Le repas s’est déroulé dans notre petit carré de verdure de l’immeuble avec les pique-niques tirés du sac (comme on dit dans le milieu associatif ) mais aussi « tiré » du sac du voisin, sous forme de bouteilles en verre renfermant quelques délicieux nectars, de tapenades ou encore de fondants au chocolat au cœurs crémeux…

Les « nouvelles » s’enhardissent dans la découverte de leurs voisins de table.

Après les agapes, quoi de plus normal d’aller marcher un peu et pourquoi pas aller récolter quelques coquillages, après tout ?

Ça tombe bien, les gros rouleaux d’écume émeraude ont déversé des milliers de coquilles vides, exosquelettes de crustacés et autres gastéropodes gluants sur une ligne régulière facile à suivre (j’apprends que ça s’appelle une « laissée »…)

Quand ça veut sourire, ça sourit : en habitué du coin je n’espérais pas voir la moindre bestiole à plumes « intéressante ».

Pourtant, alors que les bustes restaient arc boutés sur les trésors de guerre et que les regards de limiers ne se détachaient plus du sable, juste au dessus de nos têtes, des Mouettes mélanocéphales et des Sternes Caugek livraient un véritable ballet aérien pour nous accompagner jusqu’à la fin de la collecte du précieux sésame.

C’est drôle, quand on est tout petit on adore ramasser les coquillages, quand on est vieux aussi…

Mais après tout, comme disait Gustave Flaubert : « le génie n’est il pas de pouvoir retrouver son enfance à volonté ? ». Au fond il n’y a pas de différences, si ce n’est peut-être que certains d’entre nous regardent un peu plus vers le ciel… pour, par exemple, y voir passer les premières Hirondelles de rivages qui ont réussi à braver la dure épreuve de la migration.

Cette petite balade roborative nous ramènera vers notre jardinet pour un débriefing très scientifique sur les dizaines de petites bêtes inanimées qui jonchent la table.

Thé, café et quelques douceurs supplémentaires sont généreusement distribués pour « le quatre heures ». Vous voyez bien que l’enfance et (disons) « la maturité » ont beaucoup de similitudes…

Voilà ce sera le mot de la fin de cette belle journée ponctuée par de chaleureuses accolades et des promesses d’au revoir.

H.B.

Liste des coquillages observés (liste dressée par Dominique) :

Gastéropodes :

– Patelle bleue de Méditerranée (ou Arapède) Patella caerulea

– Cyclope Nérita Cyclope Neritae

– Troque marginée (ou troque jujube) Calliostoma zizyphinum

– Turitelle commune Turritella communis

– Pied de pélican Aporrhais pespelecani

– Rissoïne membraneuse Rissoa membranacea

– Nasse réticulée Nassarius reticulatus

– Nasse ceinturée Nassarius mutabilis

– Natice mille-points Natica millepunctata

– Natice Joséphine (ou Natice bouton) Neverita josephina

– Murex tinctorial (ou rocher épineux) Bolinus brandaris

– Rocher fascié Hexaplex trunculus

– Murex perceur Ocenebra erinacea

– Cassidaire échinophore ( ou casque épineux) Galeodea echinophora

– Cassidaire étrusque Galeodea rugosa

Bivalves :

– Huitre plate Ostrae edulis

– Moule de Méditerranée Mytilus galloprovincialis

– Anomie pelure (« Nacre ») Anomia ephippium

– Pétoncle ou peigne variable Chlamys varia

– Coquille St Jacques pecten jacobaeus

– Donax ou Olive Donax Trunculus (appelé à tort Telline)

– Coque commune Cerastoderma edule

– Bucarde à papille Acanthocardia echinata

– Couteau gaine Solen marginatus

– Couteau gousse Pharus legumen

– Couteau silique Ensis silica

– Praire commune (ou Vénus verruqueuse) venus verrucosa

– Palourde royale (vernis) callista chione

– Palourde commune (clovisse) Tapes decussata

– Dosine (ou Artémis) lupin Dosinia lupulinus

– Mactre coralline Mactra Corallina

– Psammobie déprimée Psamobia depressa

Laisses de mer :

– œufs de raie

– test d’oursin vert de Méditerranée

– tests d’oursin Metalia (blanc)

– Balanes

– Os de seiche

– pelotes de Posidonie

– ….