Splendeurs Natur’ailes n°11 : Proies ou prédateurs ?
Mon père travaillait souvent la nuit et avait le sommeil léger.
Gamin, je devais donc jouer dehors jusqu’à son réveil.
Certains jeudis, j’allais alors rendre visite à mon autre famille : la nature.
J’ai découvert la vie sauvage, d’abord autour de la maison, jusqu’à ce que le vélo m’aide à repousser mon horizon…
Un de mes “grands espaces” préférés était une lône oubliée du Rhône, disparue aujourd’hui, où j’aimais chercher les grandes mues de couleuvres pour épater les copains de l’école.
Il y avait là des papillons enivrés de nectar, titubant dans l’air et des libellules dans leurs corsets de nacre qui se jouaient de l’apesanteur.
J’ai découvert peu à peu la magie du vivant.
Ces compagnons de jeux ont guidé mes pas vers la compréhension de toutes ces subtiles interactions qui régissent harmonieusement les espèces, qu’elles soient animales ou végétales.
Et lorsque le ciel se mettait à gronder, il y avait toujours le chant d’un oiseau pour me rassurer.
Aujourd’hui même si je suis un peu “dur de la feuille”, les printemps me paraissent singulièrement silencieux.
Ce sont toutes ces bêtes qui détiennent les clés du ciel, comme les oiseaux ou les insectes volants qui m’ont le plus fasciné.
Rien n’a changé depuis, Ils m’évoquent toujours la beauté, l’éphémère, l’évasion, la métamorphose ou encore la renaissance…
Et puis, dans notre belle région, nous avons la chance d’en avoir encore quelques merveilleux ambassadeurs.
Mais voilà ! Plus de la moitié des papillons ont déjà déserté nos prairies ces vingt dernières années, plus de quatre cent vingt millions d’oiseaux ont été rayés de nos campagnes européennes en trois décennies…
Je ne vous ferai pas le coup du “c’était mieux avant” car “à l’époque” l’usage du DDT n’avait rien à envier aux pesticides d’aujourd’hui dits “systémiques”
De ceux qui passent directement du sol dans les plantes, via la sève, tuant collatéralement, de façon aveugle pour plusieurs saisons, plantes, fleurs, insectes, oiseaux…
Puis pour faire bonne mesure, au bout de la chaîne, nous… (si nous arrivons à survivre à toutes les conséquences de l’embrasement climatique que nous provoquons ! )
Malgré cet “optimisme échevelé”, je pense que tant qu’il restera des proies et des prédateurs, tout sera dans l’ordre du monde.
L’évolution les a engendrés sans que le moindre équilibre soit rompu.
Il y a des insectes prédateurs qui consomment d’autres insectes avant de se faire croquer par des oiseaux, lesquels finiront peut-être sous les griffes d’un mammifère ou d’un autre oiseau…
Toutes ces prédations n’ont pourtant qu’un seul but : celui de redonner la vie à sa propre espèce…
Sauf depuis que l’homme dit “moderne” a commencé à rompre les maillons de cette chaîne vertueuse, façonnée depuis des millénaires, jusqu’à se mettre lui-même en grand danger…
Les libellules, par exemple, comptent parmi les premières créatures de la planète.
Pour certains, elles sont le symbole du renouveau et apporteraient joie et légèreté à notre vie.
Pour autant, toutes ces demoiselles qui dansent dans l’air avec leurs ailes de dentelles, n’en sont pas moins ces redoutables “mouches-dragons”, comme disent les Anglais, prédateurs d’autres insectes volants du bord des eaux avant de finir, comme sur la photo, dans l’estomac de l’oiseau…
Et pour ne pas hanter vos nuits, je vous épargnerai un gros plan sur leurs larves aquatiques, ces “dents de la mare” qui, heureusement, n’ont plus tout à fait leurs tailles originelles…
Texte et photos : Hervé Bertozzi
Les hyménoptères (indispensables à la pollinisation)
Scolie des jardins (la géante de la famille) :
Abeille:
Papillons :
Sylvain azuré :
Echiquier ibérique :
Jason (ou pacha à deux queues) et sa chenille :
Paysandisia archon (tueur des palmiers) :
Machaon :
Mélitée :
Guêpier d’Europe, roi de la capture aérienne…
Moro-sphinx :
Sphinx gazé :
…capturé par le Merle bleu qui s’en va le déguste sur le crâne d’un géant de pierre débonnaire.
Libellules bien occupées… qui en oublient les dangers :
Grèbe huppé :
Poussins de Blongios nains écartelants la libellule écarlate :
Rosalie des Alpes et Mouche d’Espagne (qui n’a rien d’une mouche et qui est autant espagnole que moi: pour les puristes Cantharide officinale), parés pour le décollage.
Rollier d’Europe et Huppe fasciée amateurs de gros insectes.
Araignée et Mante religieuse (tueuse redoutable qui finit dans le bec d’une femelle moineau)
Grand paon de nuit (doit éviter de croiser la route du Petit-duc scops) :
Hirondelle rustique, grande consommatrice d’insectes volants :
Criquet égyptien :
Pardonnez mon ignorance Mrs les enthomos. , je n’ai pas réussi à identifier cette chenille…