Splendeurs natur’ailes n°14: Majorque, l’île aux trésors

Port de Soller, 28 mai 2017

Entre les alignements prétentieux des voiliers de luxe, quelques barques de pêcheurs crachotantes s’apprêtent à franchir le chenal vers le grand large.
Des jeunes cormorans huppés (même eux sont huppés!) habitués à ces va-et-vient, baillent et s’étirent sur les brise-vagues.
Les premiers rayons de soleil inondent les résidences fastueuses qui sont montées à l’assaut de la colline, au-dessus des antiques ruelles, au charme suranné, de la vieille ville.
Nous sommes sur la plus grande des îles de l’archipel des Baléares, à Majorque, ce gros caillou montagneux planté au milieu de notre Mare Nostrum.
Dans quelques heures les terrasses des bistrots du port vont s’animer de l’accent majorquin et
la petite plage portuaire va être prise d’assaut sur fond d’éclats de voix à la tonalité germanique.
Pour l’heure, l’île aux contrastes dort encore.
Je vais rendre visite à mon ami le Merle bleu qui m’attend tout là-haut sur le parvis de l’église,
construite en équilibre au plus haut sommet d’un piton rocheux à la blancheur aveuglante.
Avec nos amis Clo et Jacky nous partirons ensuite, loin de cette déferlante humaine, à l’autre bout de l’île, nous réfugier dans la quiétude des marais de la réserve naturelle de s’Albufera.
Partout ici, la faune terrestre est d’une grande pauvreté.
On n’y rencontre pratiquement plus que des chèvres sauvages (traduisez : qui n’appartiennent plus à personne…) et des chats sauvages (traduisez : des chats domestiques errants…) qui pullulent et qui ont sérieusement mis à mal la flore et la faune originelle.
En revanche, grâce à sa situation géographique privilégiée, entre l’Afrique et l’Europe, l’archipel propose des aires de repos grand luxe sur l’autoroute céleste qu’emprunte de nombreux migrateurs.
La côte, omniprésente, pesante parfois avec ses plages surpeuplées, propose pourtant, pour qui sait la découvrir, une variété infinie de paysages magnifiques entre les salines du sud et les calanques du nord.
Las, l’urbanisation effrénée en a barré de nombreux accès.
Par bonheur, Jacky, originaire de cet écrin paradisiaque, a gardé les clés de quelques portes dérobées qu’il ouvrait déjà lorsque il était enfant.
Entre les habitants ailés discrets de la zone humide de s’Albufera, les acrobates aériens des rochers aux à-pics vertigineux du nord, ou encore ceux, cachés, de la Serra de Tramuntana, l’imposante épine dorsale de l’île, chaque biotope a de quoi ravir le découvreur.
En chemin, on ne se lassera pas d’admirer les témoignages du passé que sont ces moulins à vent, figés à jamais, où ces antiques demeures sorties tout droit d’un film de Luchino Visconti , au milieu d’une mer d’orangers et d’oliviers millénaires
Mais aussi, toutes ces tours de guet, vestiges de la résistance aux envahisseurs, remplacées par les tours de contrôle de l’aéroport de Palma qui n’auront pas suffit a arrêter l’invasion touristique.
Le contraste avec l’île de Minorque, sa petite voisine, si discrète et “so british”, est frappante…
Bien, revenons à nos chers emplumés ! Le dilemme qui m’est posé dans l’illustration de ce quatorzième récit c’est de vous proposer une espèce plutôt qu’une autre, tellement l’avifaune est ici diversifiée…
Devoir se limiter est pour moi un crève-cœur.
J’ai donc opté pour quelques espèces endémiques ou caractéristiques de l’île et de ses îlots satellites, véritables petits trésors cachés de méditerranée…
Et puis… Derrière chaque photo se cache une histoire, que j’aimerais tant pouvoir vous raconter.
Qui sait ? Un soir peut-être, au coin du feu, lors d’une veillée, comme autrefois…
A bientôt.
H.B.
Au nord de l’ile, Soller, le port qui regarde la France.
Jeune Cormoran huppé.

Le gracieux Goéland d’Audoin et le très commun Aigle botté.

Monsieur et madame Monticole bleu.
Ilot de la Dragonera. Les Faucons d’Eléonore viennent à peine d’arriver. Ils se détachent sur le bleue profond de la méditerranée.
A la fin de l’été, ils calqueront leur reproduction sur le retour des migrateurs vers l’Afrique pour élever leur nichée.
Faucon pèlerin.

Milan royal très commun sur l’ile d’où le Milan noir est absent.
Perdrix rouge en plein chant.
Spatule blanche.
Zone humide de s’Albufera : Royaume de sa majesté, la Talève sultane et du Balbuzard pêcheur.
Un Grèbe castagneux fait des pointes sur le miroir liquide pour retrouver ses poussins.

Jeune Foulque caronculée qui devra patienter avant d’avoir sur la tête les belles perles rouges de maman.
Œdicnème criard
Sarcelle marbrée.
Omniprésente dans les oliveraies, la Fauvette mélanocéphale…  alors que la Fauvette des Baléares préfère la garrigue.
Une petite dernière sous-espèce endémique pour la route : le Gobemouche gris des Baléares.