Splendeurs natur’ailes n°22 : les habitants du fuyu

Avec un titre pareil, vous vous dites peut-être que le père Bertozzi va vous emmener cette semaine sur les pentes d’un volcan japonais, à la découverte d’un village oublié…
Hélas non, je ne connais pas ces pays lointains même s’il m’arrive parfois, un peu à la manière du douanier Rousseau, de dépeindre la vie sauvage en puisant dans le bestiaire fantastique qui peuple mon imaginaire.
Après l’hémisphère sud, aujourd’hui je vous propose un “voyage immobile”, au pied de la maison, dans le jardin magique, près d’un arbre que Mary a planté il y a longtemps.
Cet arbre s’appelle un plaqueminier, surtout connu pour porter des fruits que l’on nomme Kakis.
Le nôtre donne un fruit en apparence semblable mais à la saveur et à la texture différente appelé Fuyu (prononcer “fouyou”).
Plus croquant, moins astringent (ça, c’est la magicienne qui me l’a soufflé…), lorsque le Kaki “classique” a disparu, lui, fait de la résistance jusqu’au cœur de l’hiver.
Lorsque les premiers frimas auront eu raison de ses dernières feuilles, il arborera alors fièrement ses jolies boules d’un bel orangé luisant.
Le magnétisme considérable qu’il exerce sur la petite faune du quartier, qu’il s’agisse d’insectes ou d’oiseaux, montre à quel point il est d’un précieux recours pour tout le petit peuple des journées courtes.
Sous cet arbre providentiel, il y a, en plus cette année, des fleurs de chrysanthèmes et de pensées qui, achetées en trop grande quantité le jour de la Toussaint, ont échappé à une agonie par dessèchement le long des caveaux de famille.
A côté, un minuscule bassin où flottent nénuphars et papyrus, complète ce tableau impressionniste.
Lorsque le rideau se lève sur ce décor improbable, commence alors un ballet aérien de petites vies…
A observer et déguster sans modération.
Sous les yeux de l’unique grenouille verte du bassin, arrivée de je ne sais où, papillons et frelons attendent les premiers rayons de soleil pour tremper avec délectation leur appendice buccal dans les fissures ruisselantes des fruits turgescents ( ! )
Mais déjà, tôt le matin, notre accueillant végétal a ouvert ses branches aux oiseaux sédentaires du quartier et retenu, pour un temps, les oiseaux de passage.
Je ne me cache même plus pour les admirer.
Ceux-là, au moins, ont compris que l’homme ne leur veut pas que du mal.
Pourquoi ne pas espérer pouvoir élargir un jour cette image métaphorique d’une nature réconciliée avec l’homme à l’ensemble de la planète…
En attendant, je me contente de celle qui m’est offerte dans ce microcosme du jardin magique.
A bientôt.
H.B.
En hommage à mon beau-père qui avait offert cet arbre à sa fille.

Sous les yeux de la grenouille, dans ce monde tout en couleurs, la vie n’est pas toujours rose.

Un frelon asiatique (étonnant non ?) règne en maitre sur les fruits, évinçant sans vergogne les frelons européens, zigouillant au passage une innocente butineuse.

Charmante boule de nerfs, une des plus jolies résidentes du fuyu : la Mésange bleue

Inutile de se chamailler, il y en aura pour tout le monde : les Etourneaux sansonnets
Venues du nord, les Fauvettes à tête noire (calotte noire pour Mr, marron pour Mme) ont jeté leur dévolu sur le fuyu.

Un couple (tête noire pour le mâle) très casanier de Fauvettes mélanocéphales.

Ablutions dans le bassin aux nénuphars : les minuscules Roitelets à triple bandeau et huppés.

Quand l’œil et l’appareil deviennent complices, avec le Pouillot véloce, la grâce est enfin démasquée.


Furtif et rondouillard, voici le Troglodyte mignon, l’oiseau souris.

Visite inattendue d’un “ange vert” nommé Tacotte…


Quand l’oiseau devient fleur, le bouquet s’anime… Mésange charbonnière (peut-être les enfants de “la mère courage” du premier confinement)…

Deux espèces de papillon aux noms diaboliques, le Vulcain et le Robert le diable, s’enivrent innocemment de jus de fruit.

Deux autres papillons s’invitent à la fête des voisins, le Tircis et l’Azuré de Lang.

Un papillon qui passe sur un fond de pensées,
abandonne sa grâce au fond de mes pensées…