Splendeurs natur’ailes n°23 : Ma maman, elle est géante !

Puisque nous sommes toujours confinés et déconfits, que nous risquons même d’être privés de (nos 13) dessert (s) pour le réveillon de Noël, je vous propose cette semaine de troquer nos idées noires contre un grand bol d’air en passant l’antenne à notre correspondant africain, le Rollier, alias l’oiseau bleu, depuis sa retraite hivernale.
Repoussons nos murs, ouvrons nos fenêtres en grand et suspendons le temps… Le temps de vous lire sa deuxième lettre qui nous parle de la maternité des animaux géants du bout du monde.
Puisque c’est là qu’ils Zitrone (pardon, qu’ils y trônent)… “ A vous Cognac-Geai ! “ (*)
“Salut, mon vieil ami,
La pluie est enfin arrivée, il fait toujours aussi chaud mais la savane a retrouvé quelques couleurs.
La lumière est magnifique, les grands mammifères ont largement de quoi se nourrir, eux, mais aussi leurs petits…
Car de nombreuses naissances ont déjà eues lieu dans la savane.
Je n’ai jamais vu des animaux aussi grands, le gigantisme est partout, dans le ciel, sur la terre et même dans l’océan !
Je me suis fait un copain, une Outarde géante qui s’appelle Kori, le plus lourd oiseau volant du pays, qui me fait découvrir plein d’animaux en me promenant bien au-delà de sa savane natale.
Il m’a emmené du côté du Cap pour me montrer les dernières Baleines franches australes qui sont venues ici, dans ces eaux marquées par les naufrages, dans un seul but : donner la vie.
Les mères repartent déjà avec leur progéniture vers les eaux froides de l’Antarctique.
Le spectacle des petits jouant avec leur maman est saisissant.
Mais il l’est aussi sur la falaise où nous sommes assis, à côté d’une famille de babouins, au milieu d’une forêt de fleurs géantes nommées protées.
En dessous, une bande de petits bonshommes en habit de soirée, se rendent, en se dandinant, à une partie de pêche dans les eaux bouillonnantes, histoire d’éviter les dents de la mère… Requin blanc pendant que deux tourtereaux, discrètement, s’isolent pour se conter fleurette…
Sur cette palette de couleurs, d’une saisissante beauté, qui monte à l’assaut de la montagne, il y a de nombreux oiseaux, dont le destin est lié à ces fleurs, que l’on ne trouve qu’ici dans le monde.
En descendant vers le sud, il m’a présenté quelques géants débonnaires qui partagent son pays.
Il m’a dit que ces extraordinaires créatures, ces mastodontes pacifiques ont des pieds d’argile car leurs populations disparaissent peu à peu.
Je n’ai pas tout compris mais il y aurait, parait-il, des êtres humains qui n’hésiteraient pas à les massacrer pour de sombres histoires de trafic d’ivoire, de poudre de corne, ou simplement pour la photo… Ils appelleraient ça un trophée ?
Même les oiseaux sont frappés par le gigantisme : nous avons rencontré des grands rapaces montés sur échasses et des mastodontes appelés autruches…
J’ai du mal à croire que ce sont des oiseaux, comme moi !
Lorsque nous les avons croisées, Kori en a profité pour m’expliquer les codes des routes aérienne et terrestre qui ne sont pas les mêmes que chez nous puisqu’ici ça circule à gauche.
Il m’a dit : si, dans le ciel tu vois un Aigle martial ou un Pygargue vocifère, où au sol, une Autruche, arriver sur ta gauche, tu leur cèdes la priorité. S’ils arrivent sur ta droite… aussi !
Quand on voit qu’une grande antilope ne fait pas le poids face à une autruche en colère, il est important de respecter quelques règles simples…
Bref, dans ce surprenant pays où l’évolution semble battre des records de créativité, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre avant de retourner en Europe, là où mon instinct me poussera inexorablement à revenir quand l’été austral s’achèvera. Je t’avoue que je ne suis pas pressé…
Bon, je vais rejoindre Kori qui commence à s’impatienter car on est loin d’avoir tout vu !…
A plus.
L’oiseau bleu.”
* Clin d’œil aux “ornithos anciens” : le nom scientifique du Rollier d’Europe est “Coracias garrulus” (Corbeau bavard) alors que celui du Geai des chênes est “Garrulus glandarius”… Quant au cognac… ?
H.B.

Enfin la pluie ! (Guib harnaché).

Ouais ! c’est super de jouer à saute-mouton sur maman. (Baleine franche australe)

D’un pas solennel, Kori me présente quelques uns de ses voisins : Impala, Phacochère, Zèbre de Burchell, Buffle, Eléphant d’Afrique, Chacal à chabraque et le gros matou du fond qu’il préfère ne pas trop approcher : le roi Lion…

Auprès de maman, je crains “dégun” ! (Rhinocéros blanc, Girafe réticulée)


Aucun amour n’a d’égal celui d’une mère (Vervet et Babouin chacma). C’est curieux papa me rappelle un coéquipier dans les vestiaires.

Avec de telle carrure et des noms pareils, ils sont naturellement prioritaires ! (Pygargue vocifère, Aigle martial et Aigle ravisseur)

Le rapace préféré de Mary : le Serpentaire et son physique improbable. Et sa copine l’Autruche, à la poursuite d’un Hyppotrague noir pour refus de priorité.


Manchots du Cap

Même les fleurs sont ici géantes : Protées…

Promérops du Cap, Souïmangas à poitrine orangée et Chalybée