Splendeurs natur’ailes n°24 : Ô temps, suspends ton vol !
Quels points communs y a-t-il entre le parc naturel Kruger en Afrique du Sud avec ses 20000 kilomètres carrés et le bassin de 2 mètres carrés qui tient compagnie au Fuyu du jardin ?
Le matheux cartésien, que je ne suis pas, y trouvera dix zéros de moins ! On pourrait s’en tenir à ça, mais l’amoureux inconditionnel du vivant, que je suis, forcé de rester auprès de son arbre, y trouvera, dans les deux cas, une mine insoupçonnée de trésors naturalistes.
Confinement prolongé oblige, j’ai passé cette semaine beaucoup de temps à fixer les morènes (ce petit nénuphar en forme de cœur, appelé aussi “grenouillette”) qui flottent sur le bassin, dans l’espoir que quelques petites boules de plumes viennent s’y poser, pour boire ou se baigner.
Entre ces deux extrêmes, une différence importante me vient à l’esprit : en restant à la maison, je voyage avec une “empreinte carbone” ( bizarre cette expression ! ) plus que réduite, évitant du coup le phénomène des jambes qui gonflent dans l’avion…
Mon “voyage immobile” va alors me transporter vers la découverte de ces postures “renversantes” que, seuls, ces petits virtuoses de l’air peuvent nous offrir, et que nos yeux, à vitesse réelle, ne peuvent pas percevoir.
Heureusement, les appareils modernes, réglés à très haute vitesse, volent… au secours de notre rétine poussive.
Le titre de ce récit, emprunté à une de nos plus belles plumes de notre littérature française, Alphonse de Lamartine (déjà évoqué dans le récit “Martine à la pêche”) induit un double sens :
la rapidité du vol de l’oiseau minuscule qui nous empêche de décrypter sa fabuleuse chorégraphie, mais aussi la notion de la volatilité de l’existence.
Ce rêve, vieux comme le monde, d’arrêter le temps lorsque nous traversons des moments de bonheur, je pourrais égoïstement le prolonger en regardant plus tard, mes photos.
Mais je reste persuadé que le bonheur n’a de sens véritable que s’il est partagé avec les autres.
Voilà ! Avec la complicité de mon appareil et quelques aménagements du décor, je vous envoie cette semaine le résultat de “mon télé-travail” à la maison, près du mini bassin.
Je vous propose de vous envoler avec moi vers ce que je considère comme quelques-uns des plaisirs suprêmes, ceux déclenchés par la grâce et l’esthétique.
Pas de baobabs ou d’acacias géants autour de la mare aux crocodiles, simplement une flaque coincée entre un olivier et un plaqueminier, avec un lézard des murailles en guise de croco.
Pas d’horizons infinis ou viennent s’abreuver des oiseaux multicolores, sous un coucher de soleil incandescent.
Simplement quelques espèces d’oiseaux communs, en plumage d’éclipse, qui vont passer l’hiver avec nous.
Le fond du décor, un peu retouché par la présence de quelques fleurs et la lumière dorée d’un automne provençal, fera le reste.
Il n’y a plus qu’à attendre l’arrivée des petits acteurs ordinaires, ceux qui se raréfient au fil des ans, et déclencher au bon moment… Facile à dire (*)…
Avec beaucoup d’humilité et une infinie patience, on peut espérer figer quelques instants magiques.
L’animal, alors, dans toute sa gloire, se dévoilera en pleine lumière sur mon petit écran.
*Il y a quelques années, un copain me soutenait que la photo animalière “c’est facile quand on a du matos”…
Je lui ai proposé de lui prêter le mien. Il ne m’en a plus jamais reparlé…
(N’oublions pas qu’ici à Tarascon, Tartarin a une descendance nombreuse !)
A bientôt.
H.B.
Après un bain glacé, un bain de soleil s’impose pour sécher mes plumes : Roitelet triple-bandeau
Mon vol est comme mon état, stationnaire : Fauvette mélanocéphale
Pierrot, le Moineau domestique est partageur : avec son croco (Lézard des murailles) et sa voisine (Fauvette à tête noire).
Pour séduire cette jolie femelle, il faut que je me jette à l’eau : Fauvettes à tête noire
Heureux comme un pinson dans l’eau : Pinson des arbres
H2O mon amour, j’aimerais tant te pénétrer, mais j’peux pas… la faute a cette satanée poussée d’Archimède ! : Pouillot véloce
Bain de siège. En tant que fille, j’ai droit à ma baignoire privée, c’est moi qui ai choisi la couleur rose. C’est le siège du tricycle du petit.
Il faut que je sois au top pour séduire ce beau garçon ténébreux qui m’éclabousse par sa beauté ! : Rougequeues noirs