Splendeurs natur’ailes n°30: naissance d’une passion.

Cette trentième des “natur’ailes”, je la dédie à mes ami(e)s qui traversent une période difficile que les passions peuvent parfois aider à franchir.
Dernièrement, j’ai reçu la visite d’un responsable de la SPN du Languedoc-Roussillon qui, intéressé par mes photos pour l’élaboration de son futur bulletin, voulait en savoir un peu plus sur leur auteur.
A la fin de l’entretien, il m’a demandé comment m’était venu cette passion pour la nature et singulièrement l’ornithologie.
J’aurais pu lui répondre que je n’étais pas vraiment porté sur la collection de timbres ou de photos de footballeurs… Même si ce genre d’activités est évidemment très respectable,
depuis toujours, seul un contact intime avec la nature et ses longues quêtes pleines de peut-être, me procurait cette sensation exaltante de vivre intensément.
Après son départ, j’ai réfléchi à sa question qui n’est pas si facile que ça.
J’ai rembobiné le film de la mémoire et me suis rendu compte que c’était une succession de circonstances qui nous marque au fer rouge, attise les braises
et finit par faire jaillir cette flamme qui va brûler en nous jusqu’à la fin de notre vie.
Je devais avoir 13 ans quand tout a commencé dans cette étrange “colonie de vacances” dans les Pyrénées où régnait une ambiance délétère.
Avais-je été victime d’une erreur d’aiguillage ? Le fait est que je me suis replié rapidement sur moi-même.
C’est lors d’une balade en forêt que tout a basculé, lorsque je récupère un oiseau que je croyais blessé.
J’apprendrai plus tard qu’il s’agissait d’un jeune Geai des chênes (le Coucou-geai de la semaine dernière n’est pas étranger à ce nouveau récit).
Probablement tombé du nid, si je l’avais laissé là, ses parents s’en seraient certainement occupé et le “mécanisme de la passion” ne se serait sans doute jamais mis en branle.
J’ai caché l’oisillon, qui est vite devenu la mascotte de la chambrée, sous mon lit.
Moi le “rebelle”, je venais de me faire des copains qui prenaient même du plaisir à chaparder à la cantine de quoi nourrir le petit clandestin.
Forcément, peu de temps après, il est découvert par le responsable de la colo (*) qui me somme de m’en séparer sur-le-champ parce que c’était sale et anti conventionnel.
Je refuse en pensant que j’allais le livrer à une mort certaine. Me  voilà  prié de faire mes valises !
(Et oui… “il n’y a pas de passion qui ne soit une douleur commencée” écrivait déjà au 19ème siècle un certain Victor Cherbuliez.)
Un jeune moniteur, plus triste que moi (parce que “moi, j’avais sauvé l’oiseau”), est chargé de nous ramener chez mes parents, en train jusqu’à Beaucaire.
Las ! précédé par un télégramme dévastateur, ma mère absente, mon père me passe un savon mémorable et m’expédie séance tenante chez un oncle pour travailler aux champs jusqu’à la fin des vacances.
Auparavant, je “négocie” avec lui pour qu’il accepte de s’occuper de l’oiseau pendant mon absence.
Je dois avouer que cet endroit à la campagne n’était pas le bagne qui m’était promis et que les cadences n’avaient rien d’infernal.
J’étais plus troublé par les balades que nous faisions avec ma jolie cousine pour aller à la rencontre des nombreux insectes butineurs sur les fleurs sauvages que par la cueillette des haricots.
Et puis, il y avait aussi ce pigeonnier, accessible que par une échelle, où nous nous rendions souvent.
Comme elle voulait toujours passer devant (et que j’étais poli…) je découvrais alors avec beaucoup d’intérêt ces chemins inconnus qui mènent aux… blanches colombes.
Nous avions aussi une grand-mère merveilleuse, prénommée Pasquina (car née le jour de Pâques) et qui nous a transmis son amour pour la nature et les animaux.
Elle avait souvent une poule, bien vivante, qui s’invitait à notre table lors des repas.
Même si la façon de s’exprimer de notre grand mère était un mélange de “Romagnolo-Italo-Franco-Provençal” qui n’appartenait qu’à elle, j’ai bu ses paroles et tout retenu.
Je termine mon récit en vous disant que pendant mon absence, mon père avait bien pris soin de mon cher protégé qui était même devenu apprivoisé.
Ma mère, enfin revenue, m’a offert à mon retour mon premier livre sur les oiseaux.
Vous comprendrez donc, qu’en ce début d’automne-là, je suis tombé définitivement sous le charme de ces descendants directs des premiers dinosaures à plumes de la préhistoire
qui sont parvenus jusqu’à nous, et qui ont, aujourd’hui, tellement besoin de notre amitié pour survivre.
Qu’est-il advenu du Geai ?
Je vous le raconterai un jour… peut-être.

A bientôt. H.B.

* Je ne remercierai jamais assez ce Monsieur, dont la profession de foi était d’enseigner amour et tolérance, de m’avoir viré..

Geai immature tel que je l’avais trouvé dans l’histoire.

ça y est, je vole ! Je serai bientôt un bel adulte comme sur la photo…

Des petits granivores se sont déjà installés dans le jardin magique.
Autour de la mare… 
Chardonneret élégant.


Serin cini.

Une femelle Rougequeue noir semble attirée par le toit pour bâtir son nid.

Carnet rose : Chez la famille Upupa il y a de l’animation, les petites Huppes son déjà nées et sont en attente de parrains et de marraines…

Du lever du jour jusqu’au soir il faut tenir le rythme pour nourrir ces becs affamés.


Tacote nous propose de nous faire découvrir les premiers papillons du jardin.