Stage Insectes à Beaucaire
12 et 13 juin 2004. – Compte rendu rédigé par Jean-Laurent Hentz., 16 participants.
Bonne humeur et soleil avaient été commandés ; seul le vent est venu jouer les trouble-fête le dimanche après-midi, ce qui nous a amené à adapter notre programme.
Samedi après-midi, les stagiaires ont subi (avec joie) les apports théoriques pour tenter de percer un peu mieux le monde mystérieux des insectes. Joie du vocabulaire (holométabole, imago, métamorphose, etc.), joie des couleurs et des formes (dans le jardin et au cours du diaporama, avec un Diablotin de 2 mètres… sur écran), joie de regarder droit dans les yeux une araignée (qui en a huit !) ou un frelon (vrai insecte qui n’en a que deux…), joie de partager un repas convivial et varié.
Dimanche matin, après le vote Européen, nous partons à l’aventure pour découvrir les insectes dans leur milieu.
Entre une haie de cyprès et un verger de pêchers, nous avançons comme des fourmis ; et pour cause : plusieurs espèces de libellules se laissent capturer et admirer, idem pour les coccinelles, des punaises, des mouches de toutes les sortes, des abeilles et des papillons, et que sais-je encore ?
Chacun s’essaie à la contemplation détaillée, à la poursuite avec filet, à la manipulation de certaines bestioles, le but étant de savoir à quel ordre la bête appartient…
Rappels pour différencier les Hyménoptères (groupe des abeilles) et les Diptères (groupe des mouches) :
– ailes toujours ramenées à plat sur le dos chez les Hyménoptères, en général demi-étalées chez les Diptères (sauf ceux qui imitent parfaitement les abeilles…),
– les Hyménoptères ont quatre ailes, mais les ailes postérieures sont petites et accrochées aux antérieures de sorte qu’on ne distingue (à l’oeil nu) que deux ailes – les Diptères ont seulement deux ailes développées, les ailes postérieures étant transformées en « balanciers », sortes de petites boules qui apparaissent sous l’aile (attention : les balanciers sont parfois cachés par les poils !),
– devant ces difficultés, il ne reste qu’un critère efficace : les Diptères de type mouche, syrphe, taons… ont deux antennes très courtes et rigides, plutôt au centre de la tête entre les deux très gros yeux… Les Hyménoptères ont deux antennes plus ou moins longues, souvent mobiles (penser aux antennes des fourmis qui servent à échanger des informations…).
Rappels pour différencier les Coléoptères (groupe des scarabées) et les Hétéroptères (groupe des punaises) – nous laisserons de côté le groupe des cicadelles :
– les Coléoptères ont leur première paire d’aile durcie, qui forme une carapace du même type que celle qui protège le thorax et la tête.
Lorsqu’ils volent, ces « élytres » s’ouvrent et laissent apparaître et se développer la deuxième paire d’ailes, membraneuses, qui sert à voler (penser aux coccinelles),
– beaucoup d’espèces d’Hétéroptères ont le dessus du corps aplati (ou au moins les bordures de l’abdomen), les larves ressemblent aux adultes, avec des fourreaux alaires recouvrant seulement la base de l’abdomen. Toutes ces punaises possèdent un rostre qui leur sert à sucer (sève ou autres liquides nutritifs…), alors qu’aucun coléoptère ne dispose d’un tel engin. Il faut parfois regarder à la loupe !
Après le pique-nique pris à l’ombre des chênes verts de la garrigue Jonquiéroise, au milieu des Orchis boucs, nous nous rendons à l’ancienne carrière de Beaucaire, lieu magnifique que nous avions découvert lors du stage botanique.
Là, à l’abri du vent, nous découvrons tout d’abord de nombreux pièges façonnés par les larves de Fourmilion, puis un énorme Anax empereur survolant la mare du fond… Un spectacle fascinant nous attend là : deux Libellules à quatre taches sont juste sorties de leur exuvie, ailes fripées et translucides, corps jaune-vert, et se font sécher au soleil… Une heure après, elles commencent à prendre des couleurs (taches sur les ailes notamment).
Au fond de l’eau, ce sont des dizaines de larves de libellules qui attendent leur tour, en majorité des larves d’Agrions et de Lestes (allongées).
Observations :
Odonates :
Coenagrion puella ou Agrion jouvencelle > le seul agrion bleu et noir que nous ayons rencontrés
Anax parthenope ou Anax napolitain > grande libellule sombre à tache bleue à la base de l’abdomen, très rapide le long des haies de cyprès
Anax imperator ou Anax empereur > grande libellule volant sans arrêt au-dessus de la mare, et dont nous avons découvert 3 grandes exuvies !
Anaciaeschna isoceles ou Aeschne isocèle > la très grande libellule orange qui volait le long des cyprès…
Crocothemis erythraea ou Libellule écarlate > un individu immature est repéré dans la carrière
Orthetrum cancellatum ou Orthétrum réticulé > libellule moyenne jaune et noire, sur les chemins (plutôt au sol)
Sympetrum striolatum ou Sympétrum à côtés striés > libellule moyenne jaune, sur les chemins (plutôt sur la végétation)
Coléoptères :
Rhagonycha fulva ou Cantharide fauve > corps allongé orange à extêmité foncée, sur les plantes et les fleurs
Coccinella septem-punctata ou Coccinelle à sept points > nombreux individus adultes et quelques chrysalides
Névroptères :
Chrysopa sp. > une larve de cette espèce nous a fait le plaisir de dévorer un puceron dans la boîte loupe, sous nos yeux ébahis !
Lépidoptères :
Emmelia trabealis ou Arlequinette > petit papillon de nuit rayé jaune pâle et noir
Charcarodus alceae ou Grisette (Hespérie) > petit papillon moiré qui vole très vite le long des chemins
Pieris brassicae ou Piéride du chou > très grand papillon blanc avec quelques taches noires
Pieris rapae ou Piéride de la rave > papillon blanc moyen, peu taché, avec le revers
Pontia daplidice ou Marbré de vert > papillon moyen blanc et noir dessus, et vert et blanc dessous
Cynthia cardui ou Belle Dame > facile à reconnaître : ce grand papillon aime les pieds ! Il a longuement testé ceux de Jean-Pierre avant de se poser sur ceux de Claude… Etonnant !
Hétéroptères :
Lygaeus saxatilis > punaise rouge et noire que l’on n’a pas trouvé dans le guide de Chinery.
Pyrrhocoris apterus ou Gendarme > on en a ramassé une larve, avec des fourreaux alaires
Diptères :
On a rencontré de nombreux diptères, que l’on a cherché avant tout à différencier des hyménoptères (et parfois ce n’est pas simple…)
Mantoptères :
Empusa pennata ou Empuse > cette splendide mante cornue se baladait tranquillement dans une vigne…